Il ne se maria pas. Selon la tradition familiale, il aurait été l'amant d'une princesse du sang, sans plus de précision. Biographie signée F.-A. Beynac, professeur : « Connaître GUIBERT, c'était l'estimer et l'aimer. » C'est ainsi que l'un des anciens élèves de l'Ecole de Sorrèze caractérisait, dans un dernier adieu, l'homme de bien, le savant modeste, à la mémoire duquel nous venons consacrer un pieux souvenir. L'École de Sorèze, un peu militaire, surtout à l'époque où Guibert y est entré, fournissait à l'École Polytechnique un large contingent de sujets distingués. Ses aptitudes spéciales l'avaient dirigé vers les sciences mathématiques ; il était élève de l'École Polytechnique en 1814 et 1815 , et à cette dernière date il défendait Paris au milieu des artilleurs parisiens. Militaire d'un jour, d'un jour patriotique, il ne voulut pas continuer à l'être, et il entra dans la carrière de l'enseignement mathématique. Il fut l'un des fondateurs de l'Association Polytechnique, dont le but était de populariser la science. Il mérita plus tard d'être admis, par voie de concours, comme répétiteur à l'École où il avait reçu l'enseignement. Professeur de Mathématiques élémentaires au collège Louis-le-Grand, il se distingua par la précision et la clarté de son enseignement ; l'un des premiers il apporta quelques heureuses modifications à la Géométrie de Legendre. Ses nombreux succès le désignèrent comme successeur naturel de Richard dans la chaire de Mathématiques spéciales. Le magnifique enseignement de notre maître ne fut pas amoindri, et cependant le trop modeste professeur ne fut pas à l'abri de l'envie et même de la médisance. Membre de la Commission chargée de la révision des programmes, il lutta pour conserver à l'enseignement des lycées le degré d'élévation que des tendances funestes auraient pu lui enlever. Examinateur pendant plus de vingt-cinq années pour l'admission à l'École Navale, il put du moins faire prévaloir les bonnes traditions. La croix de la Légion d'honneur et le poste d'inspecteur de l'Université furent la récompense officielle de ses bons services. Les lecteurs des Nouvelles Annales ont pu apprécier la sagacité de Guibert dans ses recherches sur la théorie des nombres, recherches qu'il laisse inachevées. Nous terminerons cette Notice par l'analyse succincte d'un Mémoire de Mécanique, qui lui servit de thèse pour obtenir le grade de docteur près la Faculté des Sciences de Paris. Dans la première partie, l'auteur expose les propriétés générales de l'équilibre d'un système de corps. — Énoncé général et démonstration du principe des vitesses virtuelles de Jean Bernoulli. — Méthode des multiplicateurs de Lagrange. — Théorème de Leibniz. Dans la seconde partie se trouvent exposées les propriétés générales du mouvement d'un système de corps. — Principe de d'Alembert, employé d'abord par Jacques Bernoulli comme moyen particulier de solution, ainsi que l'observe Lagrange dans sa lumineuse histoire du fameux problème du centre d'oscillation. — D'Alembert en voit la portée et en déduit une méthode générale pour mettre en équation les problèmes de Dynamique. — Principe des aires, conservation des forces vives. Sur ce sujet, l'auteur observe judicieusement, ce que Laplace ne remarque point dans sa démonstration du même principe (Mécanique céleste, liv. I), qu'on ne saurait toujours remplacer les vitesses virtuelles par les vitesses effectives. — Le Mémoire se termine par l'exposé du principe de la moindre action. Ce Mémoire, plein de détails instructifs, se distingue surtout par un esprit profondément philosophique.