Abrégé de la vie et des vertus de notre très-honorée Soeur Louise-Thérèse Matherot de Preigney, décédée dans ce Monastère le 27 avril 1758, âgée de 51 ans, & professe de 34 au rang des soeurs Choristes.
Notre très-honorée Soeur Louise-Thérèse Matherot de Preigney étoit née dans cette Ville de parens aussi distingués par leur naissance & leurs emplois, que par leur piété & leur attachement pour la Religion.
M. le Capitaine de Preigney son père, qui avoit eu de son mariage avec Mlle de la Clef une famille nombreuse, confia son éducation à notre très-honorée Mère Anne-Thérèse de Preigney, qui n'oublia rien pour inspirer dès l'âge le plus tendre à cette chère Nièce l'amour de la vertu & et cet esprit de foi, dont elle étoit elle-même animée. On remarqua bientôt dans Mlle de Preigney un attrait & un goût décidé pour la vie religieuse. Sa douceur, sa politesse & mille autres qualités dont elle étoit pourvu, la firent admettre au nombre des Novices avec beaucoup d'empressement. Elle répondit à sa vocation par une ferveur & une exactitude à tous ses devoirs qui nous édifièrent.
Dans les différents Offices de la maison qui ont été confiés à ses soins, cette chère Soeur a toujours fait paroitre beaucoup de soumission, de talens, de courage & de vertu. Née pour la société elle prévenait tout le monde par des manières affables, qui nous la rendoient chère. Modèle accompli des vertus chrétiennes & religieuses, elle nous en a constamment donné des exemples édifians, mais plus particulièrement encore depuis quelques années, qu'elle sembloit avoir des pressentimens de sa mort. Nous vimes alors redoubler sa ferveur & les désirs empressés qu'elle avoit de se réunir au Céleste Époux; elle s'immoloit chaque jour & consommoit peu à peu son sacrifice par les rigueurs de la mortification & par une assiduité généreuse à suivre tous les exercices communs, sans égard à un infirmité qui lui étoit survenue & qui la faisoit beaucoup souffrir; elle étoit causée par une alpès, dont l'humeur acre s'étoit jetée sur sa tête & lui enfloit le visage; cette humeur disparut tout à coup, ce qui put occasionner la maladie qui nous l'a enlevé le 8e jour d'une fièvre putride. Dès le 1er jour elle demanda elle-même & reçut les Sacrements de l'Église avec les sentimens de la foi la plus vive & de la plus tendre piété; on ne l'entendit plus s'occuper qu'avec Dieu; Quand elle étoit accablée par la violence du mal & par des douleurs aigues, on n'avoit qu'à prononcer son St Nom pour lui faire reïtérer les actes de l'amour le plus généreux, de l'espérance la plus ferme & de l'abandon le plus parfait. Ce fut dans l'exercice de ces vertus, qu'elle termina une vie sainte par une mort précieuse aux yeux du Seigneur.
VIVE JÉSUS