Jaume Alsina

Membre d'une importante famille de cordiers de la côte catalane, il émigre à Buenos Aires lorsque son frère aîné, Joan, devient l'héritier universel du patrimoine familial. L'action publique constituait l'axe de leurs stratégies d'intégration dans la capitale de la vice-royauté du Río de la Plata, et se concentrait sur la participation au Cabildo et au Consulat de Commerce. Dans la première, étaient représentés les « voisins légaux », des hommes mariés qui faisaient salle comble dans la ville et qui pouvaient exercer les fonctions de la république. Dans le second cas, les commerçants s'enregistraient dans la société. Il commença à occuper des postes importants en 1783 lorsque, conformément à l'Ordonnance des Intendants, Francisco de Paula Sanz assuma le poste de surintendant général du Trésor Royal. Cette année-là, il fut habilité par Sanz à centraliser la collecte des amendes pour violation de l'interdiction de l'utilisation de feux d'artifice dans la ville. Il fut désigné dépositaire de la contribution versée par chaque charrette entrant à Buenos Aires et organisateur du transit des charrettes.

Il agissait comme conseiller et défenseur des pauvres, poste pour lequel il devait représenter ceux qui n'étaient pas soumis à l'autorité parentale. Élu conseiller adjoint en 1785, ses tâches consistaient à accompagner le capitaine Joaquín Antonio de Mosqueira et les professeurs principaux pour reconnaître les ouvrages et les bâtiments de la ville.
Il agit également comme lieutenant de la cinquième compagnie du premier bataillon du régiment d'infanterie de milice de la capitale. Lors des élections capitulaires de janvier 1793, Alsina assuma le poste de maire de troisième voix pour le poste d'adjoint de la police et agissait comme procureur de probité et d'instruction en représentant le sergent dragon Elías Baiala devant le vice-roi. En 1796, il revint au conseil comme maire avec second vote et juge pour enfants ; En 1799, il fut nommé capitaine du bataillon des marchands et en 1801, il fut procureur général et administrateur. Il était correspondant de son cousin Francisco Alsina i Costas, propriétaire de l'importante société commerciale Alsina, Marc y Cona à Calella.

Marié en 1771 avec Francisca Ambroa, originaire de La Corogne, son entreprise commerciale entre en crise, d'abord avec les invasions anglaises de 1806 et 1807, puis avec le processus d'indépendance américaine à partir de mai 1810. Affecté par les contributions révolutionnaires forcées, meurt à Buenos Aires lorsque le rythme commercial commença à se rétablir.
Leur correspondance est conservée dans les Archives générales de la Nation de Buenos Aires et constitue l'un des documents les plus importants des relations hispano-américaines de la période coloniale.

Bibliographie : Gabriela Dalla-Corte, Vie et mort d'une aventure au Riu de la Plata, Jaime Alsina i Verjés, 1770-1836, Barcelone, Publications de l'Abadia de Montserrat, 2000 ; « Le réseau social face à la crise de l'ordre colonial : compensation judiciaire et liens de parenté entre Buenos Aires et la Catalogne », dans Revue historique coloniale latino-américaine (Albuquerque, Centre de recherche colonial espagnol, Université du Nouveau-Mexique), vol. 9, n° 3 (été 2000), p. 347-377.

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