Extrait de son journal : "Je suis parti de Sohier, le 15 octobre en 1794, pour aller Monsieur d'Ochain, mon parent, seigneur d'Aye. J'ai laissé mes domestiques et ma maison montée, dans la ferme résolution d'y revenir après les couches de ma femme, qui avait, ainsi que mes petits enfants, de grandes frayeurs des patrouilles, qui roulaient et venaient souvent chez nous de part et d'autre. Delecolle, de Givet, accompagné de Moors, d'Auffe, et des troupes ed la nation, a commencé à enlever tous mes bestiaux, consistant en 600 moutons, vingt bêtes à cornes, beaux boeufs, belles vaches et très grande quantité de belles volailles et plus de neuf cents livres de belles laines, deux cents voitures de beau foin, cinquante muids d'épeautre, vingt-cinq rez d'orge, beaucoup d'avoine et vingt rez de seigle, quantité de meubles meublant ma maison. Delecolle, maire de Givet, après avoir pris tout ce qu'il a voulu, a chassé trois domestiques qui étaient chez moi, en leur faisant défense de ne plus y reparaître, et il a laissé une sommation de lui payer 18 000 livres, dans les 24 heures, sans y comprendre tout ce qu'on m'avait pris, et a donné toutes les clefs des portes de ma maison au nommé Legrand, qu'il a fait bourguemaître, lequel a emporté tout ce que Delecolle et Moors avaient laissé, plusieurs pièces de vin et plus de mille bouteilles, quatre gros tonneaux et d'excellent vinaigre, tous les légumes du superbe jardin, tous les houblons d'une très grande houblonnière, grande quantité de bons fruits, plus de 150 rez de pommes de terre dites compires. Comme pour faire tous ces ouvrages, tant pour les foins que pour tous ces autres ouvrages, on a employé et ordonné aux habitants de le faire. Ces frais sont considérables, quoique mes bois sont tous vendus à Monsieur Chapel (maître de forges à Neupont) par l'administration de Saint-Hubert à mon préjudice, la communauté a assis tous les frais à règle de taille ; la totalité est de deux mille florins et plus et suis cotisé pour ma quote-part à centre quatre-vingt-onze florins, non compris encore l'article communal que l'on veut aussi me faire payer."