Ce Nicolas Penillon, après avoir tout tenté pour estre gentilhomme, et avoir fait pour cela plusieurs faux titres, et un registre entier de minutes, pour établir sa qualité, la fausseté de ses efforts et de son entreprise, découverte et vérifiée par M. de Clairambault, généalogiste des ordres du Roi, et procureur du Roi, de la recherche des faux nobles de la généralité de Paris, sous M. de Phelypeaux, conseiller d'État et intendant dans cette généralité, l'ayant réduit à avoüer lui mesme et à reconnoitre tout ce qu'il avoit fait faire, et par le directeur de la noblesse, et par le nommé Banzi lors secrétaire de M. d'Argenson ; le directeur séduit par 25 pistoles promises, et le secrétaire Banzi par 1000 écus, condamnés depuis comme faussaires, Banzi à estre pendu et étranglé, le directeur aux galères. Le dit Nicolas Penillon a été obligé de prendre au mois de mars en l'an 1701 des lettres de pur annoblissement, comme elles sont ici marquées que je lui ai donné du règlement de ses armoiries, et par la copie des dites lettres de noblesse ; cependant, contre ce que portent ces lettres, M. Phelypeaux n'a pas laissé de donner un jugement, le 21 de décembre de l'an 1701, signé de lui et contresigné des Chateliers, sont secrétaire, par lequel, après un long énoncé de titres, rapportés dans ce jugement, disant que pour lever toutes les difficultés, que le traitant pouvoit faire audit Pénillon, le Roi avoit acordé à lui et à ses deux fils des lettres de confirmation dans leur ancienne noblesse (ce qui est faux puisque ces lettres sont effectivement un pur anoblissement en sa personne, sans marquer ses deux fils). Lui Sr Phelypeaux, en conséquences des dites lettres qu'il cite, sous leur véritable date dudit mois de mars 1701, et que, contre leur véritable teneur, il nomme confirmation et maintenue, il prononce néanmoins en disant qu'il maintient et garde dans la possession de prendre la qualité de noble et d'écuyer ledit Nicolas Penillon, et Franços Gaston, son fils, pour jouir des honneurs et privilèges des autres nobles du Royaume, etc.
La raison qui a déterminé M. Phelypeaux, à parler ainsi, et à prononcer contre la vérité d'un acte autentique, qui existe et qu'il faloit donc annuler, et révoquer, c'est que pour le prix de cette prévarication, ledit Nicolas Penillon, sr de Courbasson, a marié sa fille avec N... de Beauharnois, cousin de M. le chancelier de Pontchartrain, dudit sr Phelypeaux, et de Madame Phelypeaux, sa femme, du mesme nom de Beauharnois, et qu'il lui a donné de dote 50000 l. quoique ledit sr de Beauharnois n'eut d'autre bien que l'honneur de sa parenté avec Messieurs Phelypeaux. Voilà qui ne laissera pas de surprendre, ceux qui liront ce mémoire, qu'un magistrat en place, conseiller d'État, frère du chancelier, et d'ailleurs homme d'honneur, n'ait pas fait scrupule de signer un jugement, où contre sa connoissance et la vérité, il fait parler le Roi tout différemment de ce que portent ses lettres patentes, et n'a point eu honte de prononcer faux, sur une allégation fausse.
(Cabinet d'Hozier)