Château de Trémazan à Landunvez

Château de Trémazan (Landunvez)
Catégorie : Monuments non religieux
État actuel : disparu
Familles associées au lieu : du Chastel, de Rieux

le château de Trémazan (XIII-XVème siècle), édifié en 1256 par la famille Du Chastel. Après avoir été détruit vers 1220, pendant la guerre que le duc Pierre de Dreux fit aux seigneurs bretons et particulièrement au vicomte de Léon, ce château aurait été reconstruit vers 1250, d'après certains historiens, par Bernard du Chastel, au retour de la croisade qu'il avait faite à la suite du duc de Bretagne Pierre de Dreux. "Composé d'une enceinte carrée, ornée d'une tour ronde à chaque angle, cet ouvrage était séparé du château par le fossé primitif que traversait un pont de bois. La grande porte de la forteresse fut établie dans la tour de droite (angle Nord-Ouest) de la nouvelle enceinte. Cette porte encore visible, était munie d'une herse et d'un pont-levis. Ce dut être à cette époque que furent percées certaines fenêtres du château sur lesquelles se basent les historiens pour l'attribuer au XIIIème siècle et les fenêtres que l'on remarque dans la façade, près de la porte. Les faces Sud et Nord seulement de l'ouvrage avancé subsistent aujourd'hui. Elles montrent une muraille fort épaisse (3m25) couronnée d'un chemin de ronde. Les défenses sont des mâchicoulis en pierres de taille et des ouvertures carrées dans le parapet. Les tours sont garnies d'archères, usage qui fut abandonné au XIVème siècle. Le peu de hauteur des murs et leur grande épaisseur prouvent que cet ouvrage fut construit à une époque où les machines de siège étaient assez perfectionnées pour faire crouler les murailles très hautes et relativement peu épaisses des siècles précédents, vers la fin du XIIIème siècle ou le commencement du XIVème siècle". Trémazan semble dérivé de Trève-Majan (de Majan, frère de saint Gouesnou). Il a été bâti sur les ruines d'un castellum édifié, semble-t-il, par saint Tanguy (meurtrier de sa soeur, sainte Haude ou Eode) et qui existait déjà au VIème siècle. Saint Tanguy est aussi le fondateur, au VIème siècle, des monastères du Relecq et de Saint-Mathieu. Depuis le VIème siècle ou vivait à Trémazan, le seigneur Galonus, jusqu'au XVIIIème siècle, le château a toujours été habité en entretenu par les Du Châtel (ou Du Chastel). Les possessions des du Chastel (ou Châtel ou Chatel) comprenaient primitivement tout le bas Léon, c'est-à-dire le pays compris entre Trémazan, Saint-Mathieu et Brest. On sait que Recouvrance leur appartenait et que leur lieutenant habitait la grosse tour élevée à l'entrée du pont. Le château de Trémazan, de la paroisse de Landunvez, était le chef-lieu de ces possessions, et la demeure des Seigneurs qui y entretenaient une forte garnison. Le village de Kersaint, d'abord enfermé dans l'enceinte du château, s'étendit bientôt en dehors. Au Moyen-Age, il comptait une dizaine de manoirs groupés entre la forteresse et la chapelle. Jusqu'en 1185 où nous trouvons deux du Chatel à la fameuse assise tenue par Geoffroy Plantagenet, duc de Bretagne, on ne possède aucun document sur le château ni ses propriétaires. La preuve semble pourtant faite par les généalogistes que pendant ces six siècles le château n'a pas changé de maîtres et que les du Chatel de 1185 sont bien les descendants de saint Tanguy et de sainte Haude. Le donjon de Trémazan a quatre étages et avait jadis une hauteur de trente à trente-cinq mètres ("au quatrième étage, on voit encore les trous où s'engageaient les poutres des hourds, qui, on le sait, étaient des balcons en bois dont le plancher percé d'ouvertures servait de mâchicoulis") . Pendant les guerres de succession de Bretagne, Trémazan était possédé par Bernard du Chastel, qui tenait le parti de Jean de Montfort. Raoul Caource (ou René de Cahours), aventurier anglais au service de France, s'en empara en 1351 pour le compte du roi Jean, qui soutenait Charles de Blois, et Charles V le restitua par la suite à ses anciens possesseurs ("le roi le rendit plus tard aux sires du Chastel qui en jouissaient en 1467, époque où, fournissant un aveu à la principauté de Léon, ils reconnaissent devoir à cette principauté, 10 livres, 8 sols et 6 deniers de chefrente annuelle et quatre boisseaux de froment à la mesure de Coatméal. Ils déclarèrent en outre posséder sous la même principauté 87 métairies, 1 garenne, 3 moulins et 124 articles de fiefs avec haute, moyenne et basse justice, composée d'un sénéchal à quinze livres de gages ; d'un lieutenant à six ; d'un bailli à cinq ; d'un procureur fiscal à dix ; d'un greffier à grand sceau ; de quatre procureurs et de deux huissiers, tous exerçans, militans et jugeans en la chambre d'honneur en la ville de Kersent. Le sire du Chastel avait de plus six damoiseaux : Jean de Chasteaunen, Guillaume Edy, Hervé Grall, Yvon Gouezou, Hervé de Kermeno et Jacques Quillien"). Le château de Trémazan fut abandonné au XVIIIème siècle et vendu, pendant la Révolution, comme bien national, ainsi que la chapelle de Kersaint qui ne fut rendue au culte qu'en 1804 ;

Note : Le château de Trémazan apparaît pour la première fois dans l'histoire en l'an 525. Ce château primitif n'était, comme toutes les forteresses de cette époque, qu'une agglomération de maisons en bois entourée d'une forte palissade et d'un fossé profond (il faut arriver aux IXème et Xème siècles pour trouver une véritable forteresse). C'est dans cet endroit fortifié que se passe la légende de saint Tanguy, légende qui prouve la puissance qu'avait déjà la famille du Chastel. D'un premier mariage avec Florence, fille d'Honorius, prince de Brest, le noble Galonus, seigneur de Trémazan, avait eu plusieurs enfants, dont Haude et Gurguy. Devenu veuf, Galonus épousa en secondes noces une noble anglaise qui prit en haine les enfants de son mari et leur fit subir toutes sortes de rigueurs. Las des mauvais traitements de sa marâtre, Gurguy, dès qu'il fut assez âgé, quitta la maison paternelle pour aller à la cour du roi de France Childebert. Après douze ans d'absence pendant lesquelles la vie de Haude ne fut qu'un continuel martyre, Gurguy revint à Trémazan. Etonné de ne pas trouver sa soeur, il interroge sa balle-mère qui accabla aussitôt Haude des plus noires infamies, ajoutant que pour débarrasser la maison d'une telle honte, on a dû la reléguer aux champs. Trop prompt à croire la calomnie, Gurguy sort furieux, trouve sa soeur près d'un doué où elle lavait du linge et, sans attendre les explications de la jeune fille, la décapite d'un coup d'épée, le 18 novembre 545. Le soir même, tandis que la famille était assemblée dans la grande salle du château, Haude parut, au grand étonnement de tous, - cunctis stupentibus, - dit l'historien, tenant sa tête dans ses mains - elle posa son chef sur les épaules, dit : - Je suis innocente ! - pardonna à son frère et mourut. Frappée de terreur, la marâtre se précipita par la plus haute fenêtre du donjon. Gurguy désespérée de son crime alla se jeter aux pieds de saint Pol, évêque de Léon, fit pénitence, entra en religion sous le nom de Tanguy et fonda plusieurs monastères dont celui de Saint-Mathieu, le plus important. Tanguy étant fils unique, le château de Trémazan passa après lui à l'un des petits-enfants de sa soeur Azénor et de Judual, roi d'Armorique. Ce nouveau seigneur, dont on ignore le nom, fut le fondateur de la longue lignée des Tanguy du Chatel (ou Chastel), qui a donné à la Bretagne tant de chevaliers justement célèbres.