Château de Brières à Brières-les-Scellés

Catégorie : Monuments non religieux
État actuel : disparu
Famille associée au lieu : des Mazis

 “Nulle terre sans seigneur”: cet adage de l’ancien Régime est bien sûr valable pour Brières. Le régime seigneurial suppose un lieu seigneurial. Si les villages voisins de Villeconin, Boissy-le-Sec et Morigny ont un ou plusieurs “châteaux” bien repérables, le lieu seigneurial de Brières n’a, semble-t-il, jamais été très considérable. Il occupe une position moyenne entre le bourg et le Petit-Brières comme pour mieux surveiller et garder l’ensemble. Il faut dire que les familles des différents seigneurs de Brières possédaient d’autres seigneuries et, par conséquent, d’autres châteaux bien plus importants. En 1445 est mentionné pour la première fois le château de Brières pour lequel “Jehan des Mazis, écuyer, bailli et capitaine d’Etampes, fait exécuter des travaux de réparation de menuiserie et de serrurerie”. Les Desmazis sont apparemment bien présents à Brières au cours du 17e siècle. On les voit baptiser les enfants et signer comme parrain ou marraine dans de nombreux actes. A partir de 1688, date à laquelle les Desmazis quittent Brières, l’établissement seigneurial cesse d’être un lieu de résidence pour le détenteur du titre (Ornaison puis Talaru) mais reste un bien de rapport. Au cours du temps, le château est devenu le simple siège de l’exploitation agricole seigneuriale. Après la Révolution, le marquis de Talaru, descendant des derniers seigneurs de Brières, possède encore le manoir qui devient résidence du fermier. Talaru vend finalement le domaine en 1835. Le processus d’aménagement en ferme va encore s’accélérer.
     L’instituteur Berthelot rapporte dans sa monographie qu’il a connu les derniers vestiges d’architecture militaire. Selon lui, en 1899 il restait encore des traces de fossés et de murs d’enceinte. Il précise: “il n’y a pas 20 ans, le mur sud portait encore des créneaux. L’entrée principale s’est écroulée tout d’une pièce par suite des fouilles pour travaux de terrassement”; il ajoute qu’on a fait à proximité la “trouvaille de boulets de pierre remis au musée d’Etampes”.
     A l’origine, le manoir seigneurial de Brières occupait une position relativement isolée entre le bourg et le Bout-du-Mont. Il se présente aujourd’hui comme une simple ferme fortifiée au plan carré bordé de constructions.
     Notre château de Brières comprend un logis central datable des 16e et 17e siècles. On y trouve une cheminée monumentale en pierre taillée ainsi que des encadrements de portes datables du 16e siècle. Les bâtiments qui étaient construits contre les murs nord et est ont aujourd’hui disparu. Le petit bâtiment saillant qui donne sur la rue abritait le fournil.
     Le colombier du château de Brières est cité dès 1445. Jusqu’à la Révolution, le pigeonnier est un des attributs symboliques de la puissance du seigneur. La taille du colombier était proportionnelle à l’importance de la seigneurie. La colombine utilisée comme engrais ainsi que la viande des pigeonneaux étaient également des sources de revenus.
     La tour actuelle semble plutôt dater du 17e siècle. Elle a perdu sa toiture mais comporte encore 1848 boulins où nichaient jadis les pigeons. On y pénètre par une élégante porte en plein cintre.
     Le terme de “Grange aux dîmes”, souvent appliqué au grand bâtiment près du colombier, est abusif. S’il présente bien quelques caractéristiques architecturales communes avec des granges aux dîmes connues (par exemple celle de Wissous), il est clair que le seigneur de Brières, n’étant pas ecclésiastique, n’a jamais perçu la dîme. On a pu en revanche y entreposer le produit d’autres impôts payés en nature. La façade principale est percée d’une grande porte charretière en plein cintre à côté de laquelle on remarque une petite porte piétonnière. La charpente de ce vaste bâtiment est remarquable.
     Dans le mur de clôture de la ferme, à coté de la grande porte, on remarque une porte piétonne, en plein cintre, aujourd’hui bouchée. On retrouve cette forme pour trois autres portes du domaine: la porte du clos du jardin, la porte du pigeonnier déjà citée et la porte principale d’accès au logis. Sur cette dernière, les impostes sont légèrement décorées.
     Le petit domaine comportait deux puits; le premier, dans l’ancien jardin, a conservé sa superstructure de pierre maçonnée de forme conique. Le deuxième présente une margelle plus classique. Il occupe un coin de la cour principale.
     La très belle cave, sous le logis principal, s’achève par une galerie qui fait toute la longueur du bâtiment. Au-delà, le boyau bouché nourrit les traditionnelles légendes de souterrains reliant les différents châteaux de la région entre eux. Ici, la tradition dit qu’une galerie part vers Guinette et une autre remonte aux Poilées. Compte tenu des distances et de la topographie, cela reste très peu probable.
     Quand on franchit la porte du clos du château, on éprouve une étonnante impression de “temps suspendu”. La visite de l’intérieur du logis renforce encore cette sensation. A la vue des cheminées, des boiseries des placards, des escaliers aux marches polies on ne peut s’empêcher de penser “les Desmazis peuvent revenir tout est (presque) en place...”. C’est assurément un des logis seigneuriaux parmi les plus authentiquement préservés d’Ile-de-France.