Château de La Bellière à La Vicomté-sur-Rance

Château de La Bellière (La Vicomté-sur-Rance)
Catégorie : Monuments non religieux
Familles associées au lieu : Raguenel, de Malestroit, du Chastel, de Montjean, d'Acigné, de Rieux, de Boiséon

§ 1. — IMPORTANCE ET ANTIQUITÉ DE CETTE SEIGNEURIE.

Dubuisson, qui en 1636 accompagnait en Bretagne Valençay, commissaire du Roi, décrivait ainsi la Bellière : « Environ demi-lieue après le Pont-de-Siu, trouvez la maison de la Bellière, à laquelle est annexée la vicomté de Dinan depuis le XIIIème siècle... Au-dessous est un étang (même deux) couvert de roseaux, où les étourneaux sont en foule au mois de septembre et au commencement d'automne. Tout contre la bonde (par où s'écoule le Guilliers), donne le bout d'une manche de Rance, dite manche de la Bellière (l'anse du Prat) ».

Le château de la Bellière, du XIVème siècle, subsiste encore au début du XXème siècle, à l'angle des deux étangs, avec ses cheminées octogonales, son colombier et sa chapelle. Il est maintenant situé dans la paroisse de la Vicomté-sur-Rance, qui tire son nom de cette seigneurie.

La vicomté était l'une des plus importantes châtellenies du pays. Lors des réparations de l'église de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance), en 1750, on constata qu'elle y possédait la chapelle de Saint-Nicolas et que, dans le sanctuaire, il y avait seulement les écussons et armoiries des seigneurs supérieurs et des seigneurs fondateurs, avec leurs seuls bancs, près de la table de communion, du côté de l'Évangile pour les premiers, les Coetquen ; du côté de l'Épître pour les seconds, les la Bellière.

La seigneurie en question, avec sa haute justice, fut, ainsi que le nom même de la Bellière, possédée au XIIème siècle par une première et très ancienne maison qui portait d'or au chef endenté de sable, comme ci-contre, et dont Kerviler, d'après sa Biobibliographie bretonne, n'a guère trouvé qu'un représentant, Hamon de la Bellière, en 1206, primicier ou chefcier de la collégiale de la Guerche en Ille-et-Vilaine.

La vicomté de la Bellière passa ensuite et appartint à diverses autres familles, notamment d'une façon prolongée aux Dinan, Raguenel, Girault de Charmois et Colin de Boishamon, qui la détiennent encore au début du XXème siècle.

 

§ 2. - LES DINAN - LA BELLIÈRE.

Olivier de Dinan, en 1202, était vicomte de la Bellière. Il lutta contre Jean-Sans-Terre, roi d'Angleterre, et, le 27 août 1214, il assista à la bataille de Bouvines, avec Rolland, seigneur de Plouer.

Raoul Ier de Dinan lui succéda. Il mourut en 1295, après avoir fait des fondations à l'abbaye Saint-Aubin-des-Bois, dans la forêt de la Hunaudaie, en 1283-1293, ainsi qu'à la cathédrale de Dol.

Raoul II, son fils, possède la Bellière 34 ans, a pour exécuteur testamentaire son neveu, Alain de Rochefort, sire de Rigourdaine et est inhumé à l'église des Jacobins ou Dominicains de Dinan, à qui il donna une mine de blé sur les dîmes de Pleudihen. De son épouse Philippe, il a le suivant vicomte de la Bellière.

Guillaume fut le père de Jeanne et de Philippine, vicomtesse de Dinan.

Philippine, mariée à Jehan Botherel de Quintin, et enterrée (en 1363), aux Jacobins de Dinan, comme ses ancêtres, fit force legs aux églises de Saint-Hélen, Saint-Solen, Pleurtuit et surtout à celle de Pleudihen (aujourd'hui Pleudihen-sur-Rance), où elle fonda une chapellenie, laissant à la fabrique 10 livres et aux pauvres 50 tuniques, avec 50 chemises.

Jeanne de Dinan passa la vicomté de la Bellière à son mari, Robin Raguenel.

 

§ 3. — LES RAGUENEL ET TIPHAINE.

a) Robin Raguenel, seigneur de Chastel-Oger en Saint-Erblon (Ille-et-Vilaine), avait l'écusson, joint au château de la Bellière et portant : écartelé d'argent et de gueules, au lambel de l'un en l'autre. Il était, par son père Robert, petit-fils d'un autre Robin Raguenel, sénéchal de Rennes, en 1298, qui devint en 1302 homme de confiance et exécuteur testamentaire de Jean II, duc de Bretagne. Lui-même figura parmi les 30 chevaliers bretons qui luttèrent victorieusement en 1351 contre 30 Anglais, au célèbre combat de la Mi-Voie, entre Ploërmel et Josselin. De Jeanne de Dinan, il eut l'illustre Tiphaine.

Tiphaine Raguenel. — Habitant à Dinan une maison encore visible, rue de la Croix, elle prédit en 1359 à Du Guesclin la défaite de l'Anglais Cantorbéry sur la place du Champ et devint en 1360 la première femme du héros.

M. Etienne Dupont, dans son travail « Une Astrologue bretonne au Mont Saint-Michel », a démontré qu'elle habita plusieurs années au Mont Saint-Michel et qu'elle y observait incontestablement les astres, avec l'espoir de deviner l'avenir. A l'appui de son dire, M. Dupont cite ces deux vers de « La vie du vaillant Bertrand Duguesclin », à l'adresse de sa première femme : Du sens d'Astronomie était bien escolée - Et de philosophie était sage esprouvée.

Avec sa belle-soeur, Julienne Duguesclin, Tiphaine contribua à repousser à Pontorson les Anglais de Felleton. Aussi généreuse que son mari, elle vendit sa vaisselle et ses bijoux pour délivrer les soldats bretons prisonniers. Sur sa demande, elle lui porta de nouveau à Caen son argenterie et ses joyaux, qui furent aliénés, pour payer l'armée, ou distribués aux chefs, après un banquet.

D'après une tradition locale, elle aurait fini ses jours en 1374, à la Bellière, dans une chambre, où l'on montre son lit, son fauteuil, son prie-Dieu et son crucifix, avec de précieuses tapisseries de haute lice, aux scènes guerrières. Comme ses aïeux, elle fut inhumée aux Jacobins de Dinan, où le Connétable, à sa mort, voulut aussi que son propre coeur fût rapporté et déposé dans le tombeau des Du Guesclin, vis-à-vis de l'enfeu des Raguenel, en attendant que M. Néel de la Vigne le retrouvât en 1804 et le fît solennellement transférer en 1810 à l'église Saint-Sauveur.

D'après le sentiment fondé de Siméon Luce, Tiphaine qui a habité, mais non possédé en toute propriété la Bellière, serait morte à Pontorson en 1372, à l'âge de 33 ans, son mari étant dans le Poitou, et son corps, provisoirement déposé dans l'abbaye du Mont Saint-Michel, fut ramené à Dinan, quand le Connétable fut de retour en Bretagne.

Continuons maintenant la série des Raguenel, vicomtes de la Bellière :

b) Guillaume Raguenel, frère de Tiphaine, lutta pour Charles de Blois et périt en 1364 à la bataille d'Auray. Par son alliance avec Jeanne de Montfort, il obtint la terre de Cramou, près de Mordelles, en Ille-et-Vilaine. Peut-être est-ce à la suite de cette alliance qu'apparurent de Rennes à Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) les de Cramou, cités par Kerviler : Pierre de Cramou, écuyer, qui ratifia en 1381 à Rennes, le traité de Guérande ; — Jacquet de Cramou, sieur de l'Hôtel-Cramou, noble de Mordelles, à la réformation de Rennes en 1427 ; — Jacques de Cramou, l'aîné, sieur de la Motte-Cramou, et Jacques de Cramou, le jeune, nobles de Pleudihen à la réformation de Dol en 1513 ; — enfin Dom Jean de Cramou, prieur de Saint-Pétreux en Plerguer, décédé en 1546.

c) Le capitaine de Saint-Malo, Jean Ier Raguenel, 1364-1415. — Fils de Guillaume ci-dessus, il combattit au siège de Brest, puis en Normandie et défendit Saint-Malo contre les Anglais. Contre eux il guerroya aussi glorieusement en Flandre pour le roi de France, avec Du Guesclin et Beaumanoir et alla secourir la Castille. Rallié au duc Jean IV en 1379, quand celui-ci fut revenu d'Angleterre, le vicomte de la Bellière figura aux États de Rennes en 1386. A la fin de 1387, il commanda pour le duc à Saint-Malo. Mais il avait irrité les habitants, avec qui le roi de France traita en secret, par l'intermédiaire de Robert de Guitté et de Geoffroy Ferron. Ceux-ci escaladèrent les murs et firent prisonnier la Bellière, dans la nuit du 9 au 10 octobre. En 1393 il fit serment de fidélité à Jean IV contre les Clisson. Il fait partie en 1403 du Conseil du nouveau duc Jean V, qui nomme en 1411 des arbitres pour trancher son différend avec Raoul de Coetquen. Il combat en 1412 pour le roi de France, comme capitaine, dans l'armée du connétable de Richemont et succombe en 1415 à Azincourt, avec Jean de Coetquen.

d) Le capitaine de Rennes, Jehan II Raguenel. — Héritier du précédent, comme vicomte de la Bellière, il se prononça pour le duc de Bretagne, prisonnier des Penthièvre en 1420 et figura avec 312 hommes d'armes, 126 archers et 27 arbalétriers, à la revue passée par Raoul, sire de Coetquen. En 1426, il est dit le féal et bien-aimé chambellan du duc.

Toujours d'après les actes de Jean V, il reçoit de celui-ci, la même année, le titre de capitaine à vie de la ville de Rennes : « Savoir faisons que nous, à plain conffians des sens, vaillance, preudomie et bonne loyauté envers nous de notre très cher et bien aimé et féal chambellan, le vicomte de la Bellière, … icelui vicomte instituons et ordonnons capitaine et garde de notre ville de Rennes, durant le cours de sa vie ».

En 1432, le duc lui fait délivrer un mandat de paiement, pour le récompenser du service qu'il a fait au siège de Pouancé et lui aider à « s'ajuster » de sa rançon aux Anglais qui, en 1427, l'avaient battu à Pontorson.

En 1435, le duc ordonne au receveur Pierre Pépin de payer « à son bien-aimé cousin et féal le vicomte de la Bellière, sire de Malestroit et de Largouët, capitaine de Rennes, sur les deniers affectés aux réparations de la ville, 500 livres à valoir sur ce qui lui peut être dû à cause de ses gages du temps passé, vu que notre dit cousin nous a exposé que, depuis la dite institution, il n'a aucun paiement de ses gages ».

En 1436, Gilles Raguenel, peut-être parent du susdit vicomte, figure comme abbé du Tronchet, d'après le manuscrit F. 22.325 des Blancs-Manteaux.

e) Le maréchal Jehan III Raguenel, baron de Malestroit. — Il hérite en 1436 après Jehan II de la vicomté de la Bellière et s'intitule sire de Malestroit du chef de sa mère. En 1440 il obtint du duc franchise de fouage pour Pierre Bretaigne de Lohéac, l'un de ses serviteurs. En 1449, avec le titre de maréchal, il ratifia un traité du duc avec le roi de France.

Il aida le connétable de Richemont à assiéger Fougères. Créé baron de Malestroit, il meurt en 1471.

 

§ 4. — LES DU CHASTEL, D'ACIGNÉ, DE RIEUX ET DE BOISÉON.

Une descendante des Raguenel-Malestroit, Jeanne, porta, en lui donnant sa main en 1462, la vicomté de la Bellière au second Tanneguy du Chastel. Cet homme intègre fit à ses frais les funérailles du roi de France Charles VII, dont il était devenu grand-écuyer, après s'être brouillé avec le duc de Bretagne, en lui reprochant ses mauvaises moeurs. Tué au siège de Bouchain, en 1477, il laissait un testament, où il priait Louis XI de marier sa fille aînée au sire de Montejean.

La Bellière passa ainsi à ce dernier, puis, sur la fin du XVème siècle, aux d'Acigné, revint vers le milieu du XVIème siècle aux du Chastel, pour tomber dans la seconde partie du même siècle aux Rieux de Châteauneuf, et enfin, toujours par alliance, aux Boiséon.

En 1601, le titre de vicomte de la Bellière est porté par le mari de Jeanne de Rieux, Pierre de Boiséon, seigneur (comte en 1610) de Coëtnizan en Pluzunet, gentilhomme de la Chambre de Henri IV, gouverneur de Morlaix, qui, combattant contre la Ligue en Bretagne, avait, en 1590, dû capituler à Kerouzeré, dans le Léon, et, au mépris des termes de cette capitulation honorable, avait vu sou château brûlé, avait été lui-même retenu prisonnier par le duc de Mercoeur et obligé de payer une lourde rançon. Aussi, la guerre terminée, reçut-il en 1605 en dédommagement 10.000 écus de Mercœur et 35.000 du roi de France.

Hercule de Boiséon, son fils, marié à Françoise de Coetquen, est cité en 1669.

En 1676 les Boiséon vendent, pour 96.000 livres, la Bellière à écuyer Pierre Girault, sieur de Charmois. Celui-ci consent une aliénation partielle à Pierre Ladvocat, de la Crochais en Ploubalay, qui prend alors le titre de vicomte de Dinan (Archives des Côtes-du-Nord, aujourd'hui Côtes-d'Armor, B. 96).

 

§ 5. — LES GIRAULT ET LES COLIN DE LA BELLIÈRE.

Écuyer Pierre Girault ci-dessus, dont les héritiers mâles ont détenu la Bellière durant un siècle, avait les armoiries suivantes : d'azur à la fasce d'or, accompagnée de trois têtes de loup de même. Il assiste en 1696 à la nomination par le général de Pleudihen (aujourd'hui Pleudihen-sur-Rance) d'un nouveau trésorier, Pierre Goudron. De Marguerite Dolibri, il a Guillemette Girault, mariée en 1683 à Servan Lebret, son procureur fiscal ; et d'Anne Michaut, sa seconde femme, il laisse :

Ferdinand Girault, seigneur de la Bellière, conseiller du roi et maître des comptes en Bretagne, nommé en 1648 par l'évêque de Saint-Malo, choisi en 1701 lui-même, comme parrain de la seconde cloche de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) et décédé en 1724, après avoir été marié en 1678 à Jeanne Eon de Longpré, dont :

Julien Ferdinand Girault, capitaine de cavalerie, chevalier de Saint-Louis, époux d'Hélène Gaillard, avec qui il nomme en 1726 la cloche de Pleudihen. Il meurt le 10 janvier 1756 à 76 ans, laissant deux filles :

Marie Girault, l'aînée, se maria en 1752 à écuyer Jean Dufresne, sieur du Pont-de-Cieux, décédée en 1773, et sa soeur cadette Hélène Girault, 1735-1780, épousa en 1761 écuyer Jean Colin, sieur du Boishamon, dont la famille possède au début du XXème siècle la Bellière. 

Alain Colin portait : d'argent au chevron de sable, accompagné de trois corneilles de même. Il était né en 1708 de N. H. écuyer Thomas Colin de Brizelaine et de Marie Gris. Ayant un fils émigré il vit son bien séquestré en 1794. Il fut même mis en état d'arrestation, avec ses deux filles, par le Comité de surveillance de Saint-Jouan des Guérets, qui pourtant rendit hommage à ses paisibles vertus.

Son fils Jean-Marie Colin de la Bellière, capitaine d'artillerie, chevalier de Saint-Louis, maire de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) en  1802-1830 et décédé en 1839, avait épousé en 1802, à Saint-Malo, Jeanne Hay, dont il eut :

Osmont Colin, 1805-1882, employé des postes, démissionnaire en 1830. Marié en 1841 à Victoire du Bot de Bohal, il fut adjoint au maire de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) et surtout devint en 1878 le premier maire de la Vicomté. Il a laissé une-fille, mariée à M. du Reposoir de la Cour-Porée ; un fils cadet, Jean-Marie, allié à Henriette de France, et un fils aîné :

Hippolyte Colin, 1846-1887, licencié en droit, contrôleur des contributions directes, lieutenant d'artillerie en 1870. D'Elisabeth Lesage-Bullourde, qu'il a épousée à Dinan en 1879, il a eu Alain Arthur, né à Dinard en 1885 , et un fils premier-né :

Joseph Osmond Colin de la Bellière, né à Dinan en 1882, et marié en 1910 à Dlle. Marie Audren de Kerdrel, dont une fille.

 

NOTE SUR LA BELLIÈRE, D'APRÈS UNE LETTRE ADRESSÉE PAR LE PAPE ADRIEN IV AUX SEIGNEURS DE LA MAISON DE DINAN.

Bien avant les deux Raoul, qui sont seuls cités ci-dessus d'après le P. Du Paz, et qui alors seraient Raoul II et Raoul III, dès la seconde moitié du XIIème siècle, la seigneurie de la Bellière aurait été possédée par un premier Raoul, puîné de Geoffroy II, qui fut sire de Dinan et de Jugon, dans la période décennale 1157-1167.

En effet, le pape Adrien IV écrivit à Geoffroy, fils d'Olivier, à ses frères Rolland de Dinan (premier sire de Montafilant, en Corseul), Bertrand et Raoul le vicomte (de la Bellière) et autres seigneurs. Il leur enjoignit, d'ailleurs, en pure perte, d'obéir à l'archevêque de Dol et de lui rendre les biens, qu'eux et leurs hommes s'étaient injustement appropriés, sous peine de voir ratifier par le Saint-Siège les anathèmes que pouvait porter contre eux le prélat dolois.

Parce que les premiers d'entre eux étaient issus d'un juveigneur ou cadet des Dinan, les sires de la Bellière se sont dits seigneurs et même vicomtes de Dinan. Mais le dernier titre est équivoque et prête à l'erreur. En réalité, la qualité de vicomte n'a jamais été prise ni reçue par les chefs eux-mêmes des deux branches de la maison de Dinan, d'après M. de la Borderie et les autres historiens.

 

NOTE : AVEU DE CLAUDE DE BOISÉON, POUR LA VICOMTÉ DE LA BELLIÈRE EN 1637.

Adveu... que fournit au Roy... en sa Chambre des comptes de Bretagne, Messire Claude, comte de Boiséon, vicomte de Dinan et de la Bellière, baron de Kérouzéré, Coatevan …. seigneur de Coatenisan ... Keramorock, l'Isle-Grande, etc ..., gouverneur des ville et château de Morlaix et pais circonvoisins, capitaine du ban et arrière-ban et garde-costes de l'évêché de Léon :

Des rantes, fieffs et jurisdictions, seigneuries et obeissances, que ledit de Boiséon tient sous ses jurisdictions de Rennes et Dinan, à cause des vicomtés de Dinan et de la Bellière, seulement à devoir de foy, hommage et rachat...

Lesdites vicomtés luy échues de la succession de Jeanne de Rieux, dame desdits lieux, sa mère décédée, quarante ans sont ou environ.

Et premier, sous la cour de Rennes, un baillage ayant cour en la paroisse de S. Sulliac, évêché de S. Malo, appelé le baillage de la Grande Verge, qui doit 8 livres, 5 sous, 8 de­niers maille et 3 parisis ; — par froment 50 boisseaux, deux godets, sixte (6me) de godet et une paire de gants. — Devoir de foire au bourg de S. Sulliac, le lundi de la Pentecôte.

En la paroisse de Miniac-Morvan, le baillage de Beaumont, 4 livres, 11 sous ; en froment 3 mines [Note : Une mine valait huit boisseaux], 3 boisseaux, un godet ; et par avoine 2 boisseaux, 11 godets ; une poule.

Paroisse de Paramé, le baillage de Rotesneuf, 2 sous ; par froment 2 boisseaux, 6 godets.

En la paroisse de Pleudihen (aujourd'hui Pleudihen-sur-Rance), évêché de Dol, le baillage et franc reguaire de Mordreuc, sur lequel est dû 9 livres ; par froment 4 mines, un boisseau ; 6 poulets et 60 oeufs.

En Pleurtuit, outre deux baillages et le fief de Lanfenais, un trait de dîme, rapportant 30 mines de blé, tiers froment, tiers paumelle, tiers avoine grosse. En plus un château ruiné, la Motte au Vicomte, avec ses douves et dépendances, halle, deux foires à la Saint-Guillaume et au 20 Juillet ; marché le samedi ; droit de mesures ; privilège de police, connaissance des crimes qui se commettent entre les quatre croix de la ville.

Le vicomte de la Bellière a la prééminence dans les églises des paroisses susdites, la présentation des chapelains de Saint-André et de Sainte-Catherine dans ces églises, le droit d'avoir ses armes dans la chapelle des Frères Prêcheurs de Dinan.

Pour le fief de Mordreuc, le comte de Boiséon n'est tenu qu'à obéissance.

Fait au château de Morlaix le 22 Août 1637 - Signé Claude de Boiséon, Rauzeré et Grosse-Tête, notaires royaux. (Archives de la Loire-Inférieure, B. 1297).