Hôtel de Mauduit à Hennebont

Hôtel de Mauduit (Hennebont)
Catégorie : Monuments non religieux
État actuel : disparu

Au devant de la porte, accord est donné par la Ville au sieur Duplessix-Mauduit, le 16 avril 1754, de faire entreprendre des travaux pour édifier une maison qui prendrait son assise sur une partie de mur de la porte d’Embas. Cet hôtel Duplessis est mentionné en 1783 pour accueillir les officiers du régiment de cavalerie « Lauzun Hussards » ou encore lors de sa réquisition pendant la Révolution.

Les Cahiers d'Histoire du vieil Hennebont le révèlent dans leur prochain numéro, qui sortira mi-septembre. Un épisode de la guerre d'indépendance des États-Unis s'est joué en mars 1781, à l'entrée du site de La Poterie. Si les pierres qui restent de l'hôtel de Mauduit pouvaient parler, elles en diraient plus... mais les historiens locaux ont mis au jour de précieuses informations. Dans cet hôtel particulier, jadis flamboyant, naît, le 12 septembre 1753, Thomas Antoine de Mauduit du Plessis, l'un des enfants d'une famille de riches commerçants. « Thomas Antoine, appelé aussi le chevalier de Mauduit, va s'illustrer brillamment dans la guerre d'indépendance des États-Unis », rappelle Michel Pichon, auteur de l'article consacré à ce sujet dans la revue d'histoire locale. Le chevalier de Mauduit du Plessis est un proche de La Fayette, aux côtés duquel il va souvent guerroyer, de l'autre côté de l'Atlantique, contre le Royaume de Grande-Bretagne. Mauduit se trouve en Amérique quand le colonel John Laurens, aide de camp du général Washington, débarque à Lorient. Sa mission : obtenir de la France de nouvelles aides. « L'hiver a été terrible et les moyens en matériel militaire, vivres et argent manquent. Beaucoup de soldats désertent et la situation semble désespérée. » Des arguments influents Thomas Antoine de Mauduit recommande le colonel Laurens auprès des relations à Paris. Il lui conseille aussi de séjourner chez lui, à Hennebont. C'est là que la grande Histoire s'écrit. Apprenant que le marquis de Castries, ministre de la Marine, passe à Lorient, le colonel Laurens organise une rencontre à l'hôtel de Mauduit. « Comme l'ont remarqué quelques historiens américains, les arguments développés par le colonel Laurens lors de cette rencontre imprévue à Hennebont, dans un lieu confortable, sans protocole particulier, au milieu de la famille de Mauduit que le marquis de Castries connaissait, ont pu avoir une réelle influence sur la réussite de cette mission », commente l'historien local. C'est ainsi que malgré de nombreuses réticences à la cour du roi, la France consent avec largesse aux demandes des États-Unis. Quelques mois plus tard, de l'argent, des vivres et du matériel sont expédiés de Brest aux insurgés américains. « Avec ces nouveaux moyens, l'armée du général Washington et celle du colonel Rochambeau allaient conjointement poursuivre leur route vers Yorktown, engageant victorieusement la bataille qui mit fin à la guerre d'indépendance des États-Unis, en octobre 1781. Durant cette bataille, le chevalier de Mauduit, placé à la tête des batteries d'artillerie, combat héroïquement. La paix est signée à Versailles le 20 janvier 1783. » Le scénario aurait-il été le même sans cette rencontre, au bord du Blavet ?