Manoir de Keryargon à Belz

Manoir de Keryargon (Belz)
Catégorie : Monuments non religieux
Famille associée au lieu : Guimarho

le manoir de Keryargon (XVIème siècle). Siège d'une ancienne seigneurie appartenant à la famille Guymarho (au XIVème siècle), puis à la famille Trévelec. En ruine vers 1840, le manoir a été restauré par la suite. On y trouvait autrefois une chapelle privée et un puits ;

Le manoir de Keryargon appartenant à Jehan Guimarho noble, est cité dans la réformation du domaine ducal en 1427 (Laigue R de, 1901). Mais le premier seigneur de Keryargon connu est Pierre Guihomarhou (Guimarho), priseur du Duc de Bretagne en 1385 et 1391 (Gilliouard E, 1976). En 1675, Bertrand Guimarho décède sans héritier. Jacques de Trévellec, seigneur de Bréhet fait l'acquisition de Keryargon le 27 juillet de cette même année. Le domaine semble rester aux mains de cette famille jusqu'à la Révolution (Gilliouard E, 1976). Le manoir subit des transformations à plusieurs reprises notamment aux 17e et 18e siècles, lorsqu'il est transformé en demeure confortable à l'image des châteaux de plaisance de l'Epoque moderne. Le pavillon sud-est date de 1740 comme l'indique la date gravée sur l'un des oculus de sa façade est. Au 19e siècle, c'est une grosse ferme où logent plusieurs familles. La chapelle du 17e siècle ainsi que le colombier et le logis porche décrits par Jacques de Trévellec dans une déclaration de 1679 (annexe n°1), tombent en ruine. Une carrière de granite est ouverte au nord de la petite allée. Des travaux de restauration engagés depuis quelques années par son nouveau propriétaire, redonnent à Keryargon partie de son aspect d'origine.

Au sud-est de la commune, au sud du hameau de Kerclément, Keryargon est bâti sur un plateau au nord-ouest duquel un ruisseau s´écoule dans un petit vallon. Le manoir est situé dans un enclos dont la cour aplanie est cernée de murs à l´est et des bâtiments qu´elle desservait sur les trois autres côtés, les dépendances au nord sont aujourd´hui détruites. A l´est une seconde cour avec puits orné (fig. 51) et bâtiments agricoles, correspond à la grande métairie (fig. 3). A l´ouest, l´allée qui donne accès au corps de passage d´entrée, est précédée d´autres bâtiments remaniés, vestiges de la petite métairie. Au nord-ouest du jardin du colombier (détruit), l´ancienne orangerie est également très remaniée (non repérée). Le jardin et le verger situé à l´ouest et au sud du château conservent de remarquables murs d´enclos (fig. 8, 50). Les vestiges d´une tourelle (défensive ?) sont également en place au nord de l´enclos du jardin à proximité du four. Outre la petite allée ouest plantée de vieux châtaigniers, il subsiste au sud une grande allée, qui aboutie à la cour de la grande métairie, en passant au nord près de la chapelle au sud-est du logis, et au sud à proximité de pièces d´eau (fig. 52), dont l´une est précisément figurée sur le plan cadastral de 1811 (fig. 1). La fontaine (étudiée) est située à l´ouest de la petite allée. Le logis : Au sud de la cour, le logis principal possède une double façade. La façade principale au nord est enduite, celle côté jardin est en moellons apparents. Le logis est de plan allongé avec corps en retour au sud-est ; il communique au niveau de l´étage avec les dépendances en retour au nord-ouest. L´ensemble est couvert d´une toiture à croupe, avec toit en pavillon pour le corps sud-est. L´élévation est à un étage carré sous comble à surcroît. La façade nord présente des ouvertures organisées en travées avec, comme au sud une majorité de fenêtres à feuillures de contrevent. De part et d´autre de la porte principale, surmontée d´un fronton cintré, deux grandes fenêtres de proportions classiques marquent le centre de la composition repensée au 17e siècle, dispositions que l´on retrouve de façon identique en façade sud. Sans accroche avec cette composition, la grande lucarne du 16e siècle apparaît décalée ; elle est remontée sur une ouverture d´étage du 17e siècle à linteau orné d´une accolade (fig. 5). De part et d´autre deux lucarnes présentent un fronton cintré identique à celui ornant la porte principale (fig. 7). A l´intérieur l´espace est divisé par trois refends et trois cloisons. Au centre de part et d´autre du couloir central ouvrant à l´origine sur les deux façades (porte sud bouchée), se trouve la grande salle à main droite et une salle plus petite à gauche. Celle-ci conserve une cheminée droite du 15e siècle et les vestiges d´une cheminée superposée d´une chambre disparue (fig. 16 et 17). Elle communique avec le corps est, ajouté postérieurement, par une porte percée dans le refend qui était le pignon du logis primitif. La salle suivante, dans l´angle nord-est, ouverte d´une porte au nord et d´une fenêtre à l´est, conserve une cheminée à jambages galbés engagés de la fin du 17e - début 18e siècle (fig. 19 et 20). Au nord de cette salle un escalier secondaire, rampe sur rampe distribue l´étage et les combles du pavillon sud-est et ceux de la partie est du logis principal. Au-dessus de la salle de l´angle nord-est la chambre plafonnée à la française conserve une cheminée boisée du 18e siècle (fig. 21). Le pavillon sud-est de 1740 intègre un corps de latrines plus ancien ce qui justifie la présence des deux oculii distincts en façade est, l´un en granite, le second en pierre blanche (fig. 15). De plan carré, il est composé d´une pièce par niveau, avec cheminées superposées dans le pignon sud, latrines à demi niveau à l´est et comble aménagé d´une chambre avec cheminée boisée au 19e siècle (fig. 26). Les ouvertures sont en façade ouest, avec deux lucarnes en pierre blanche à frontons cintrés dans le comble. Dans la partie ouest du logis principal, la porte nord à traverse d´imposte ouvre sur une cage d´escalier précédée d´un petit hall d´entrée avec porte d´accès à la salle à main gauche et à la cuisine à droite (fig. 27). La cuisine éclairée au nord et au sud par deux fenêtres (transformée en porte au sud), possède une cheminée à consoles doubles chanfreinées du 15e siècle. A droite de celle-ci une porte au jambage à large chanfrein donne accès à un cellier. La salle également éclairée au nord et au sud de hautes fenêtres, conserve deux éléments d´une ancienne salle basse sous charpente du 15e siècle : Une cheminée à hotte et linteau obliques avec arc de décharge, et à droite de la cheminée au-dessus de la porte d´entrée un jour de surveillance ou judas, trilobé qui ouvrait dans l´ancienne chambre (fig. 29 et 31). Les piédroits de la cheminée ornés sur les faces externes de panneaux moulurés en pierre blanche datent du 17e siècle (fig. 30). L´escalier principal est en bois, à retour, rampe sur rampe et balustres plats du 18e siècle (fig. 28). Il distribue la chambre ouest au-dessus de la cuisine, un premier grenier à demi niveau au-dessus de la salle, puis le grenier au-dessus de la chambre ouest. La porte en plein cintre qui donne accès au premier grenier à demi niveau date du 17e siècle. Au-dessus un second grenier accessible par un petit escalier en charpente correspond au niveau de la grande lucarne du 16e siècle. La chambre ouest possède une cheminée en avancée, boisée, à décor peint de la fin du 17e siècle. Sur la hotte une représentation de Marie-Madelaine au désert est accompagnée des armoiries de Trévellec propriétaire de Keryargon à compter de 1675 (fig. 33 à 38). A droite de la cheminée une porte chanfreinée donne accès à la garde robe et à une seconde chambre située au nord-ouest au-dessus des dépendances (cellier en retour au nord). Cette chambre conserve également une cheminée boisée du 17e ou 18e siècle (fig. 39). Les dépendances ouest (fig. 43 à 45) : Elles ferment la cour à l´ouest et présentent donc une façade postérieure aveugle. Elles se composent du sud vers le nord d´un cellier avec porte cintrée chanfreinée du 16e ou début 17e siècle. D´une remise à l´origine ouverte sur la cour par trois piliers maçonnés supportant le grenier, d´un fournil ouvrant également sur la cour par une porte cintrée du 16e siècle, surmonté d´un étage ou subsiste la trace d´une ancienne cheminée au pignon nord. Le four construit à l´extérieur contre la façade ouest du fournil, présente une hotte de taille remarquable. Le corps de passage (fig. 46 à 49) : De plan carré ce corps de passage situé au nord-ouest de la cour du manoir, s´apparente à un sas ouvert de deux portes charretières en plein cintre appareillées en pierre de taille. Les traces d´engravures de poutres témoignent d´un plancher disparu au-dessus du passage, desservi par une tour d´escalier latérale accolée au nord (en ruine). Les deux portes dissemblables laissent à penser qu´il existait au 16e siècle une simple porte encore en place vers l´extérieur, complétée postérieurement et probablement au 17e siècle par un corps de passage jouant le rôle défensif et ostentatoire d´un sas surmonté d´un pavillon. La chapelle (fig. 40 à 42) : De plan rectangulaire, la chapelle bâtie en moellons date du 17e siècle. Le chevet est au sud et elle présente une porte et une fenêtre à arc segmentaire (fin 18e siècle) à l´ouest côté château et une porte à l´est côté ferme. Elle n´a plus de couverture mais les traces d´engravure de la charpente témoignent de la présence d´une croupe côté chevet. A l´intérieur subsiste un enduit ainsi que les traces d´engravement d´une probable tribune côté nord éclairée par un oculus percé dans le pignon nord. A noter à droite en entrant par la porte ouest, un bénitier taillé trilobé en remploi.