Manoir du Boisriou à Cavan

Manoir du Boisriou (Cavan)
Catégorie : Monuments non religieux
Famille associée au lieu : de Kerampuil

Cet ensemble bâti ancien, à la fois résidence seigneuriale et exploitation agricole, est situé à 1200 mètres au sud du bourg de Cavan et à 98 mètres d´altitude. Il se trouve à proximité immédiate d´un petit affluent du Guindy. Le manoir est isolé dans la campagne ; on y accède par le sud-ouest via Kerjavat ou par l'est, en passant par la route de Guingamp à Lannion puis par Kergolvez. Le toponyme est orthographié "Bois Riou" sur le cadastre de 1835. Une longue avenue court vers le sud, parallèle au chemin d'accès.

La seigneurie de Bois Riou ou Koad - Coat Riou, littéralement en breton "le bois des Riou" est attesté depuis le 15e siècle. Elle possédait un droit de moyenne et basse justice et s'étendait encore au 17e siècle sur le territoire des paroisses de Prat et de Quemperven. Les seigneurs de Bois Riou possédaient des prérogatives et prééminences dans l'église Saint-Chéron à Cavan. Le manoir primitif aurait appartenu à Henry Hemery en 1462 puis à Jeanne Hémeury, fille de Robert et épouse de Charles de Kernavanoy, en 1478.

Le manoir passe ensuite entre les mains des familles du Rest (Jean, puis Rolland du Rest au 15e et au 16e siècles ; Rolland du Rest de Bois Riou comparait en brigandine et archer avec 40 livres de revenu en 1481 à Tréguier), de Cressoles (Adeline du Rest a épousé François de Crésolles, seigneur de Penalan au 16e siècle), Bodin, seigneur de Lermo (milieu du 17e siècle), de Gennes (au milieu du 18e siècle) et Cozou, seigneur de Launay (Catherine Péronelle de Gennes a épousé Mathieu Charles Claude Cozou). Les armoiries des Bois Riou en Cavan sont "d'argent, à trois faces de sable, brisées en chef d'un lion naissant de gueules, et d'un bâton de même en bande, brochant sur le tout".

Le manoir du Bois Riou est vraisemblablement datable de la seconde moitié du 16e siècle voire du tout début du 17e siècle (1580-1610). Il a été déclassé en ferme à une date indéterminée. Le dessin de Henri Frotier de la Messelière a été réalisé en juin 1929 : il nous montre l'état originel du manoir avec ses deux lucarnes ouvragées.

L'édifice a été remanié au 20e siècle afin de l’adapter à la vie moderne et au travail à la ferme. Le manoir du Bois Riou n'est pas protégé au titre des Monuments historiques.

 

Le manoir est toujours centré sur sa cour fermée, ce qui en fait sa principale caractéristique : à partir du logis principal, on reconnaît une grange, un logis déclassé en étable (lucarne ouvragé à fronton curviligne et fenêtre à traverse), un logis (dont la façade arrière semble avoir servi de corps de garde ; l'étage est directement accessible par un escalier), un pavillon faisant tour, l'entrée monumentale, l'entrée sud, des soues à cochon et étable (19e siècle), une grange à trois poteaux en retour d'équerre orientée vers le sud (milieu du 19e siècle). Le mur d'enceinte du "pourpris" subsiste en partie.

Orienté vers l'est, le logis manorial fait face à l'entrée. Il comporte des portes géminées à piédroits moulurés et des fenêtres à meneau et linteau en accolade. L'ornementation de cette porte monumentale : archivoltes en accolade et pinacles semble déjà annoncer la Renaissance. A l'intérieur du logis, cheminées anciennes en place (dont une blasonnée ornée de têtes humaines). Ces éléments stylistiques semblent datables de la seconde moitié du 16e siècle.

Les façades du logis ont cependant été fortement remaniées au fil du temps : vers l'ouest, la façade postérieure montre notamment une ancienne porte charretière (donnant sur une cour, voir cadastre de 1835) et une fenêtre de très bonne facture (appui orné en saillie) aujourd'hui murées. S'agit-il d'un ancien logis porte ?

De l'entrée monumentale orientale à porte charretière, il subsiste des éléments très lisibles. Cette dernière était flanquée au nord, par un imposant pavillon : le premier étage est doté d'une salle haute à cheminée et fenêtre ; le dernier niveau est couronné par un pigeonnier.