Quatrième garçon d'une famille de sept enfants, Roger de la Grandière est né le 14 octobre 1916 à Grez Neuville dans le Maine-et-Loire. Son père était gérant de la propriété familiale et administrateur d'une compagnie d'assurance.
Résidant à Angers, il est en externat chez les Jésuites à Tours avant de tomber gravement malade de la tuberculose à l'âge de 18 ans. Inexplicablement guéri, il décide de partir pour Tahiti et se paye le voyage en travaillant à bord du bateau qui l'y emmène. Il s’installe alors comme gérant de plantation.
En septembre 1939, il est mobilisé à Tahiti et arrive à Marseille deux mois plus tard. Incorporé à Angers, il est affecté au 402e Régiment d'artillerie, au camp de Morancez près de Chartres.
En février 1940, il est détaché en stage de peloton préparatoire d'EOR au Mont Valérien.
Il suit ensuite les cours d'EOR à Vincennes, à l'Ecole d'Artillerie. Promu aspirant le 13 juin 1940, il est affecté à Biscarosse.
Démobilisé le 26 juillet 1940, il se rend à Vichy où il est nommé chef du centre d’écoutes à la radiodiffusion. Il rencontre, au cours d'une réunion du colonel Groussard, Michel de Camaret qui partage ses idées et qui, comme lui, cherche le moyen de gagner l'Angleterre pour poursuivre le combat. Avec un petit groupe qui comprend Michel de Camaret et Pierre de Bénouville, Roger de la Grandière gagne Marseille en janvier 1941 dans le but de rallier l'Afrique du nord puis la Grande-Bretagne.
Finalement, il rejoint Oran le 14 février 1941 mais, alors qu’il cherche un bateau pour Gibraltar, il est arrêté par les autorités de Vichy et placé en résidence surveillée avec d'autres camarades -dont Camaret- également arrêtés. Après une évasion qui les conduit au Maroc, les membres du groupe sont de nouveau interpellés et incarcérés à Rabat puis à Casablanca. Roger de la Grandière qui montre son mépris à ses geôliers est violemment battu ; il a une jambe cassée et la mâchoire fracturée. Condamnés à un an de prison, ils sont transférés en septembre 1941 à la prison d'Alger puis en résidence surveillée à Bou Arfa au Sahara.
En mai 1942, après plus d'un an de détention, Roger de la Grandière et ses camarades parviennent à s'évader et à rejoindre le Maroc. Grâce à des complicités, il embarque à Tanger sur un petit bateau portugais qui le conduit à Gibraltar le 8 juillet 1942. De là, il gagne Londres où il s'engage dans les Forces françaises libres le 12 août 1942.
Il est affecté à l'Etat-major particulier du général de Gaulle en qualité d'officier d'ordonnance du Général puis, le 15 septembre 1942, il est promu au grade de sous-lieutenant.
Affecté, le 21 septembre 1942 au Bureau central de renseignements et d'action (BCRA) et chargé d'une mission spéciale de contre-espionnage, il prend le nom de Roger Dalmas (nom de jeune fille de sa mère). Ses stages de formation d’agent révèlent ses talents de parachutiste. Ne trouvant pas de mission à son goût, en janvier 1943, il est affecté sur sa demande aux Forces aériennes françaises libres, chez les parachutistes, à la 2e Compagnie d'infanterie de l'Air (2e CIA) et est breveté parachutiste le 1er mars 1943 à Camberley avec les meilleures notes de sa promotion. Envoyé en stage à l'école polonaise de parachutisme à Largo puis à l'école des instructeurs de parachutisme de Ringway (Manchester), il détient le record français de sauts (50) et devient lui-même instructeur des parachutistes français.
En juillet 1943 son unité devient le 1er Bataillon d'infanterie de l'Air (1er BIA) puis, en novembre 1943, le 4e Bataillon d'infanterie de l'Air (4e BIA) placé sous les ordres commandant Bourgoin.
Parachuté en Bretagne sur la base Dingson avec son stick et quatre jeeps le 17 juin 1944, le sous-lieutenant de la Grandière prend une part très active aux combats du maquis de Saint-Marcel dans le Morbihan le 18 juin 1944. Il parvient dans des conditions extrêmement difficiles à sauver, en le camouflant, le matériel placé sous sa responsabilité. Il retrouve le jour même son ami Michel de Camaret blessé par balle et le prend dans sa jeep ; quittant Saint-Marcel, Roger de la Grandière avec une douzaine d'hommes se dirige vers Pontivy ; ils affrontent des Allemands en surnombre à la ferme du Bois-Joly près de Callac avant d'abandonner les jeeps et de poursuivre à pied.
A l'aube du 20 juin, au Hameau de Boccabois près de Guégon, le groupe, épuisé, est accueilli dans la ferme des époux Mounier. Après un repos de quelques heures Roger de la Grandière et ses hommes sont sur le point de partir quand des Allemands avertis de la présence des parachutistes français s'approchent de la ferme. Roger de la Grandière couvre la fuite de ses hommes puis les rejoint. Attaqué par un fort détachement le groupe se bat furieusement pendant plusieurs heures à Guegon près de Josselin. A court de munitions, blessé à la poitrine, Roger de la Grandière ordonne à ses hommes de décrocher et est achevé sur place par les Allemands. Inhumé à Grez Neuville (49), il a été promu au grade de lieutenant à titre posthume.