Charles Bréart de Boisanger

"Il y a 265 ans, presque jour pour jour, le navire « Prince de Conty », de la compagnie des Indes, faisait naufrage sur les côtes de Belle-Ile, entraînant la mort de 161 hommes et dispersant les nombreux trésors que les cales renfermaient. Construit à Lorient en avril1745, le navire part pour la Chine, son voyage inaugural.

Brume épaisse

À son retour, le navire n'est plus qu'à quelques jours de mer de Lorient, lorsqu'il est pris dans une tempête d'ouest au large de Belle-Ile. Cherchant à s'abriter, le navire avance dans une épaisse brume, lorsqu'à 3h du matin, il vient se fracasser sur la côte de Port-Loscat, à Locmaria. Seulement 45 hommes d'équipages et trois officiers réussiront à gagner la petite plage. À moins de 10m de profondeur, l'épave du «Prince de Conty» repose, enfermant dans ses entrailles de nombreux objets précieux. En effet, revenant d'une campagne en Chine, la cargaison était importante, celle-ci était constituée de soieries, de thé, de bois rouge, de lingots d'or et de nombreuses porcelaines de Chine. Le lendemain du naufrage, Ravenel, commandant à Port-Louis, écrira une lettre au secrétaire d'État à la mer et aux colonies, dans lequel il évoque la cargaison: « Le pauvre Boisanger, encore incommodé de sa blessure, n'a point échappé à la fureur de la mer, ainsi que 160 hommes (...). Cependant, je songe à sauver tout ce que l'on pourra de ce malheureux vaisseau », écrivait-il. C'est ainsi qu'une campagne de fouilles débute en 1747. « Des escaliers sont taillés dans la roche et de grands trous de sections carrés sont creusés pour l'installation d'une cloche à plongeur. Des renforts de Lorient sont dépêchés sur place et les habitants de Locmaria sont réquisitionnés avec leurs charrettes pour transporter ce qui a pu être sauvé », confie la Société historique de Belle-Ile. Peu de chose sera ramené. « Dans les années 70, des plongeurs, en quête de trésors, remonteront quelques spécimens, notamment des petits lingots d'or, et le tribunal sera saisi de cette affaire entre 1976 et 1983. En 1985, les premières fouilles officielles commencent, mais un coup de vent, en juin, détruisit les structures installées, et stoppa ainsi les recherches ».

Trésors fossilisés

L'épave et sa cargaison reposent désormais en paix, de temps àautre perturbées par de discrets plongeurs en quête de richesses disparues. La plupart des vestiges sont désormais fossilisés, permettant ainsi une bonne conservation de ces trésors engloutis.
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