Portrait de Louis Huaumé (1894 - 1915)

Louis Huaumé

Louis Alphonse Antoine Pierre

Parents

Distinctions

  • mort pour la France

Notes

Hommage prononcé en l’Eglise d’Auvers, à l’occasion du retour de ses restes mortels, le 10 mai 1922, par son ancien Vicaire

 

A mon Cher Louis HUAUME, d’Auvers le Hamon.

Mes biens chers Frères,

Un soldat de la grande guerre est revenu parmis vous. A sa dépouille glorieuse qui, désormais, reposera dans la terre sainte de sa Paroisse, vous apportez, nombreux, le tribut de votre vive reconnaissance, l’hommage ému de vos larmes, et surtout l’appui puissant de vos ferventes prières.

Celui, mes frères, que nous pleurons et pour lequel nous allons offrire la divine Victime de l’Autel, râvi trop tôt hélas ! à vôtre affection, par la balle meurtrière, méritait à tous égards ce concour religieux de tout une Paroisse et de tous les coeurs.

Vous tous qui avez connu Louis HUAUME, ce jeune homme excellent que l’on pouvait citer comme le modèle de la jeunesse d’alors, pour son esprit de foi, son sérieux de la vie, pour toutes ses qualités naturelles si aimables. Vous savez quelle perte la Paroisse d’Auvers a faite en lui.

Vous ne le savez que trop vous-même, père, mère de ce cher enfant ! En perdant l’appui est la consolation de vos vieux jours, vous avez perdu un véritable trésor de tendresse, car, sur vos lèvres trés chrétiennes et résignées, nous avons pu recueillir, jadis, ce témoignage rare sur vôtre fils : « Nous n’avons aucun reproche à lui adresser : jamais notre cher Louis ne nous a fait de peine. » Si Dieu bénit déjà sur terre l’enfant, l’homme qui « honore son père et sa mère », quelles ne doivent pas être dans l’Eternité sa récompense et sa félicité ! Puisse ce simple rappel d’une promesse divine apporter à vos âmes - en cette douloureuse circonstance - en même temps que nos cordiales et respectueuses sympathies, l’espoir de retrouver en Dieu votre bien-aimé disparu !

Aprés la famille, cet excellent coeur, parce que profondément chrétien, aimait sa paroisse, et dans la paroisse, ceux qui groupait les jeunes, ce qui favorisait leur persévérance dans le bien et afermissait leur foi, c’est à dire le patronage et le groupe de jeunesse catholique. Il fut, jusqu’à son départ pour l’armée, le Président sans cesse réélu de l’un et de l’autre. Les anciens de cette oeuvre, qui sont ici, ne me démentiront pas. Ils l’aimaient comme un frère, subjugués qu’ils étaient par son exemple entrainant et sa gaité conquérante. Sans le rechercher le moins du monde, sans aucune affectation, par son seul amour du Bien, il avait sur toute cette jeunesse une autorité et une influence incontestable. Ce jeune homme - le mot n’est pas trop fort - était apôtre et Serveur des vertus. Aussi quel réconfort et quel Auxilliaire pour un directeur de jeunesse ! Quelle douleur ce fût pour celui-ci de perdre cette belle âme et cet excellent ami !

Avec cette nature d’élite, avec cette haute conscience de ce qui était pour lui le Devoir, Louis HUAUME devait être bon soldat. Ses lettres nombreuses - qui sont désormais des reliques - répendait un parfum trés chrétien, respirait la soumission, l’abandon à la volonté de Dieu. Nous nous rappelons en particulier ces deux pensées extraites de sa correspondance : « Il ne faut pas me plaindre, mais, au contraire, rendre grâce à Dieu pour tout ce qu’il fait pour moi ». « La patience et la résignation adoucissent beaucoup les choses ».

Il aimait la France, et l’on peut se demander si cette âme généreuse n’avait pas, délibérément, chrétiennement, fait le sacrifice de sa vie pour la Rédemption de son pays. Nous avons de lui cette parôle authentique à sa mère, lors du retour d’un péllerinage  à N.D. du chêne : « Maman, s’il ne fallait plus que ma vie - ma seule vie - pour que la France soit sauvée, il faudrait pourtant bien que je la donne ! »

Et, de fait, mes Frères, de semblables morts acceptées, formulées ainsi à l’avance, devraient être précieuses aux yeux de Dieu, et elles ont contribué pour une large part au rachat de votre Patrie.

Avec de tels sentiments - quel que fût sa mort, ou violente ou plus douce, celle-ci dut le trouver « prêt ». Et, rapide, l’âme du héros s’envola vers son Dieu pour être jugée. Il y a pour les combattants, nous enseignent les théologiens, des grâces trés spéciales, plus miséricordieuses encore que pour les autres mourants. Cependant, comme il faut être si pur pour entrer en pension de ce Dieu « Qui voit des tâches dans ses anges mêmes », je vous demande, Mes Frêres, pour Louis HUAUME, mort pour la France et pour nous à Saint Hilaire-le-Grand - à l’âge de 21ans, de bien vouloir réciter, de tout votre coeur, le Pater et l’Ave Maria.