"Le Comte Jacques-Louis de Bournon fut, par exception, à sa caste, un savant de premier mérite. Il fit à Paris, par son cousin Saillet, gentilhomme du Comte d’Artois, la connaissance du Comte de Provence, plus tard Louis XVIII, dont il devint et resta l’ami, passant alors avec lui de longues heures à faire des mathématiques, de l’histoire, de la numismatique et des vers. Il fut à la Cour un sage et un philosophe toujours supérieur à la bonne et à la mauvaise fortune, dans lesquelles les événements le jetèrent tour à tour. Libéral avant comme après la Révolution, il émigra, contre son gré, pour être fidèle aux Princes qu’il suivit en exil jusqu’en 1814, malgré les offres séduisantes de Napoléon Ier, qu’il avait eu le rare avantage d’obliger pendant son séjour à l’école de la Fère, ce que le grand homme n’avait pas oublié.
Nous avons dit, en l'Histoire de Saint-Mihiel, que la mort le surprit en 1825 « dans l’illusion du triomphe de son parti », ce que sa longue et rare fidélité semblait autoriser. Mais son honorable famille proclame, au contraire, qu’il ne fut jamais aveuglé par le zèle des ultras royalistes de cette époque, dont il déplora souvent les illusions et les témérités, ne prévoyant que trop qu’elle en serait la suite ; c’est ce que nous nous faisons un devoir de constater à son honneur, à titre de rectification.
M. de Bournon fut fait Comte, à Hartwel même, par Louis XVIII, qui lui en fit renouveller le brevet à sa rentrée en France ; il se maria pendant l’émigration et a laissé une fille unique, qui est aujourd’hui marquise de Carbonnière, retirée, dit-on, dans une terre du Limousin, avec ses enfants."
Dumont, Nobiliaire de Saint-Mihiel, p.140