Marie Anne Paul

Signature de Marie Anne Paul (1813 - 1875)
  • Née le 17 janvier 1813 à Landerneau
  • Décédée le 8 août 1875 à Lesneven, à l'âge de 62 ans

Parents

  • Jean Paul (1769 - 1837), paysan de Plouguin, employé comme jardinier puis journalier dans des fermes du pays de Landerneau
  • Marie Anne Guénolé (1785 - 1846), propriétaire demeurant à Landerneau

Famille

Occupations

  • commerçante
  • cafetière à Lesneven
  • propriétaire

Lien

Notes

Devenue veuve avec 5 enfants à élever, elle obtint un bureau de tabac. En 1851, elle vit avec ses filles au 34 rue du four à Lesneven

Elle hébergea le critique x x, alors jeune professeur, muté en 1852-1853 à Lesneven à cause de ses idées et de son impertinence. Voici ce qu'il écrit dans son journal de jeunesse à propos de son arrivée à Lesneven et de son hôtesse :

"Lesneven tient ce que son nom promet ; c'est un misérable bourg assez mal bâti. L'effet de loin est pittoresque, mais la ville est affreuse, et paraît triste. C'est aussi petit et moins bien que Dourdan. La population est sale, comme le sont tous les Bretons, et déguenillée comme un mendiant de Callot. On ne peut faire un pas, sans être assailli de pauvres, qui vous demandent un sou dans le plus inintelligible des jargons; mais on comprend très bien le geste. Quelques-uns de ces misérables sont affreux à voir et font horreur. Je ne puis m'imaginer qu'il y ait tant de misère dans ce pays. Les Bretons font des enfants avec une déplorable facilité, et ne savent plus après comment les nourrir.

Ma propriétaire en a cinq pour sa part : cinq filles, dont l'aînée n'a guère que quatorze ans, et qui sont toutes jolies. C'est, m'a-t-on dit, une bonne femme, qui tient un café, si l'on peut appeler café une chambre ignoble et puante, où les Bretons viennent avaler de grands verres d'eau-de-vie. Avant de louer un appartement chez elle, j'ai demandé à mon principal ce qu'il en pensait ; il m'a répondu qu'ici il n'y avait aucun scandale à aller au café, à plus forte raison à loger au-dessus d'un café.

Ma chambre est jolie, grande, avec quatre fenêtres, et ces énormes lits bretons où l'on monte avec une échelle. Elle est planchéiée et frottée, luxe rare dans le pays, où le rez-de-chaussée n'est pas même carrelé. On enfonce, en entrant, dans une terre détrempée, grasse et qui colle aux souliers. Mon escalier est dans ce goût, noir et humide. Il faut passer par là-dessus, sans quoi l'on ne trouverait pas à se loger dans ce pays béni du ciel. Cela me coûte douze francs par mois, et un franc de service."

Sarcey s'installe, prend une pension en ville pour dîner... Selon sa coutume, il entreprend de longues promenades aux environs. Et quoique la pluie tombe à flots, il constate que le pays est superbe, qu'il le sera surtout durant la belle saison. Puis il rencontre les prêtres qui tiennent le collège, essaye de rencontrer des notables de la ville, sans y parvenir.

"Je m'en vais me renfermer chez moi, et travailler dix heures par jour."

C'est effectivement à cette résolution que Sarcey s'arrête. Il vit chez lui, en ours, ou, si vous préférez, en ermite. Son hôtesse est une brave femme, un peu trop méticuleuse; elle ne peut souffrir de voir traîner aucun papier dans la chambre de M. le professeur. Pour ses 13 francs par mois Sarcey est chauffé, blanchi, soigné comme une petite-maîtresse. Il commence à se raccommoder avec les Bretons.

"La première impression n'est pas en leur faveur. On ne les juge que sur la mine. Mais ce sont de bonnes, de franches et loyales natures."

Bientôt il goûte, à cette existence à demi cloîtrée, une étrange douceur. [...] Sarcey trouvera, malgré tout, un si vif agrément à ces joies tranquilles de Lesneven, qu'il demandera au ministre de les lui laisser goûter une année encore et de prolonger son séjour en Bretagne. Cette requête ne sera pas prise au sérieux. On la jugera ironique et impertinente. On y répondra, en expédiant le postulant à l'autre bout de la France, à Rodez.