Félix Grangent

sieur de Harguinanea

Famille

Notes

Il était veuf et avait des enfants de son premier mariage. Un de ses fils du premier lit épousa par la suite une Larreguy d'une branche collatérale, et un autre, probablement du second mariage, fut l'ancêtre du général Grangent, qui servit la France sous la Révolution en conservant ses opinions royalistes.
Le Général Grangent avait plusieurs enfants dont un fils, Sébastien Grangent, suivait la carrière de son père.
Jeune homme de la plus belle espérance, "intéressant par les grâces de sa personne et les qualités de son âme", il était en 1794, Capitaine au Ier Bataillon de la 5e demi-brigade d'Infanterie. C'était l'ancien Régiment des 1000 hommes de pied, ou Régiment Cantabre dont la République avait aboli les privilèges, confirmés depuis des siècles par les Rois. Le niveau égalitaire passant par là, se fit un devoir de rejeter tous ces vieux us et coutumes du Pays Basque. C'est sans doute ce qu'on appelle "la Liberté".
La 5e légère était cantonnée aux environs d'Urrugne, et précisément à côté de Belchenea, terre patrimoniale des Haraneder Boutrans, cousins des Grangent. Les représentants Pinet et Monestier (du Puy-de-Dôme) qui terrorisaient le pays, avaient installé leur quartier général à Belchenea. La guillotine partait de là pour ses excursions sanglantes.
En bon Basque, fidèle aux traditions de sa famille, Sébastien Grangent était royaliste.
Un de ses camarades, républicain, le Capitaine Meunier, entonna un jour un hymne révolutionnaire commençant par ces mots :
"Ô ! Pauvre peuple, quand tu avait un Roi, tu manquais de tout sur la terre !"
Sébastien Grangent répondit de suite sur le même air :
"Sans monarque et sans Roi, il n'est plus de bien sur terre !"
Dénoncé par un soldat, arrêté, trainé en prison, accusé, en plus de cela, d'avoir négligé de lire à ses hommes des lettres de représentants, etc., il fut traduit devant la commission terroriste de Bayonne. Défendu avec une éloquence persuasive par un Médecin militaire, le Docteur Cotterel, il fut acquitté.
Sébastien Grangent retournait à son poste à Belchenea. On l'aimait au Bataillon où il s'était fait remarquer bien des fois par sa belle conduite. Mais Pinet, le Tigre altéré de sang, le bourreau de Chauvin-Dragon (Saint-Jean-de-Luz et Ciboure réunis, avaient été rebaptisés ainsi), en apprenant cet acquittement, entra en fureur, fit de nouveau saisir ce brave Sébastien et le renvoya à Bayonne où, après un jugement sommaire, il fut condamné à une exécution immédiate. Elle eut lieu le 25 ventôse an II (15 mars 1794) sur la place de la Liberté (Ô ironie!) à Bayonne, théâtre ordinaire des exécutions révolutionnaires.
Sébastien Grangent, le Martyr, est un fleuron de la couronne des Haraneder Gerolimenea. Cette victime d'un régime odieux fut exécuté avec 6 autres personnes dont une pauvre femme de 72 ans.