JEANNE DE PRESLES. Dessin au crayon, folio 99 du Recueil d'Arras avec la mention : « Jehanne de Prelle, concubine de Philippe, duc de Bourgogne, et mère d'Anttoine le grand bastart ».
L'histoire a enregistré les écarts de conduite du duc de Bourgogne Philippe-le-Bon, prince qui fut souvent infidèle à la devise qu'il adopta lors de son mariage avec Isabelle de Portugal : Aultre n'aurat/. Le recueil d'Arras a reproduit, outre le portrait de Catherine de Thieffries, mère du bâtard de Bourgogne Baudouin, celui de Jeanne de Presles, qui donna le jour à Antoine, surnommé, après la mort de Corneille, Ie grand bâtard de Bourgogne, fils de Philippe-le-Bon, qui a joué un rôle assez important dans l'histoire. C'est en 1421, deux ans environ après l'avènement de Philippe à la couronne ducale et après son mariage avec Michelle de France que Jeanne de Presles eut, de lui, Antoine dont nous venons de citer le nom. Les Archives départementales du Nord offrent, au sujet de Jeanne, plusieurs documents inconnus des historiens. Le nom de famille semble avoir été La Mairesse ou plutôt Lemaire. En effet, elle est indiquée sous le nom de Jeannette La Mairesse dans deux documents, l'un du 17 de décembre 1432 et l'autre du 25 mai 1433. Le nom de Jeannette de Presles, sous lequel elle est le plus souvent mentionnée, indique un lieu d'origine : sa cousine, qui se nommait Michelette Dubuisson, est aussi mentionnée sous le nom de Michelette de Presles. On sait qu'il y a cinq ou six localités du nom de Presles en France et une en Belgique, dans le Hainaut. On est donc porté à croire que Jeanne n'appartenait point à la noble famille de Presles, comme certains historiens l'ont dit à cause de sa similitude de nom. Jeanne de Presles semble avoir élevé elle-même son fils Antoine jusqu'à ce qu'il eût atteint l'âge de onze à douze ans. Un mandement de Philippe-le-Bon daté du 17 décembre 1432, nous apprend qu'elle avait séjourné à Arras dans l'hôtel de Jacques de Rincheval et qu'elle avait, pour son service et «celui de son fils, sa cousine Michelette dont nous venons de parler, une chambrière et un serviteur. En mai 1433, Philippe-le-Bon lui fit épouser un écuyer, son huissier d'armes, du nom de Jean de Fretin. A cette occasion, le duc lui fit don de trois cents francs « pour l'affection, dit-il, que nous avons en la personne de Jehanne Le Mairesse, de laquelle avons eu Anthoine,notre fils batart, et en contemplation de son mariage que nouvellement avons fait traittier. » Le mariage eut lieu à Bruxelles. Les trois cents francs furent payés à Jean de Fretin, comme mari de Jeanne de Presles, le 12 juillet 1433 et 2 avril et le 20 décembre 1434. A partir de cette dernière date, les documents conservés dans les Archives du Nord cessent de parler de Jeanne de Presles Bulletin de la Commission historique du déparatement du Nord v. 23-24, 1900, p. 21