Sainte-Foy était l'amant en titre de la duchesse de Mazarin, « assez belle femme de la cour, fort renommée pour son goût pour le plaisir et les galanteries ». Bachaumont, toujours a l'affût des intrigues de la cour, ne manque pas de nous signaler que « le sieur Radix de Sainte-Foy, financier très célèbre pour son luxe insolent... est encore le tenant et fait aller les affaires de cette dame ».
Assez curieusement, cette note de Bachaumont coïncide, presque jour pour jour, avec une naissance qui va sensiblement modifier l'existence de notre voluptueux héros. En effet, les registres de catholicité de l'église Saint-Eustache font état, à la date du jeudi 4 mars 1773, du baptême « d'Anne née d'hier fille de Claude de Saint (sic) Foy, ancien trésorier général de la Marine, et de Marie-Jeanne-Louise de La Bluxière, sa mère, demeurant rue Françoise ». Cette jeune enfant eut pour parrain un nommé Pierre Goy et pour marraine « Anne Dehay femme Risimont ».
Chose curieuse, le nom de la mère ne correspond à celui d'aucune famille parisienne du moment, ni d'aucune des maîtresses de Sainte-Foy, si soigneusement recensées par les sbires du lieutenant de police. Par contre ses prénoms, à un près, sont ceux de Jeanne-Louise de Durfort-Civrac, duchesse de Mazarin.
Cette jeune Anne, dite, durant son enfance, « Mademoiselle de Neuilly », va être élevée comme une petite princesse, dans ce château de Neuilly dont elle va prendre le nom. Ensuite, vers l'âge de 12 ans, elle recevra l'éducation la plus raffinée au milieu de la très haute société londonienne.
Par la suite, revenue en France, elle continua son éducation au couvent des Filles de la Conception, puis épousera un membre très distingué de l'aristocratie française.
Notons enfin que, par un moyen détourné dont nous reparlerons, la duchesse de Mazarin fit en sorte de léguer, après sa mort, à Maximilien de Sainte-Foy, l’énorme somme de 150.000 livres!, On peut donc penser que cette grosse fortune représentait la future dot de la jeune Anne, fruit des amours de la duchesse avec le héros de cette histoire. Ceci n'est que hypothèse, mais rendue assez plausible par tout ce que nous venons d’en dire...
Extrait de la biographie de Maximilien Radix de Sainte-Foy écrite par André Doyon (1966), sur Google Books.
On retrouve ce nom de Marie Jeanne Louise de La Bluxière sur l'acte de mariage d'Anne.