Auguste Gerhards Tribunal de guerre du 3e Reich, archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, éd. du Cherche-Midi, Paris 2014. — Mémorial de l’Alliance, 1948.
Yves de Fougerolles était le fils de Georges, industriel et de Renée Ménard.
Il apprit le métier de mécanicien en travaillant dans l’entreprise paternelle puis en prit la direction et créa un magasin spécialisé dans la vente de matériel d’ostréiculture à La Trinité-sur-Mer. En 1939 il fut mobilisé et participa à l’opération de Norvège. Il fut démobilisé après l’armistice et revint continuer son activité à La Trinité. Il fut contacté en juin 1943 par Yves Le Bastard de Villeneuve, qui cherchait des personnes susceptibles de l’aider sur son secteur. Yves de Fougerolles accepta la proposition et devint agent de renseignements avec le matricule " S.110 " sur la région Bretagne " Chapelle ". Ayant pour mission de rechercher des contacts sur la région d’Auray, il recruta Louise Andreu qui y tenait un commerce et lui demanda d’utiliser celui-ci comme « boîte aux lettres ». Yves put ainsi transmettre des informations concernant la pose de câbles téléphoniques reliant les sites de fortifications le long de la côte et des plans du dépôt de carburant et munitions de Questembert et de la gare d’Auray (Morbihan). Ses rapports d’observation permirent en outre de connaître la nature et les effectifs des unités allemandes du secteur.
Arrêté le 30 octobre 1943 suite à l’infiltration du réseau par le contre-espionnage allemand, il fut déporté vers l’Allemagne au départ du camp de Compiègne le 16 décembre 1943 et incarcéré à la prison de Kehl-am-Rhein puis à celle de Freiburg-im-Breisgau (Bade-Wurtemberg). Le 28 février 1944, la Gestapo de Strasbourg transmit le dossier d’accusation d’espionnage concernant Yves et six autres coinculpés du réseau, au Tribunal de guerre du Reich qui y apposa les tampons « secret » et « affaire concernant des détenus » ainsi que la mention « NN » (Nacht und Nebel-Nuit et Brouillard). Il fut jugé les 20 et 21 juin 1944 par le 3e Senat (chambre) du Tribunal de guerre, présidé par le juge Karl Schmauser. Accusé d’espionnage au profit d’une puissance ennemie, il fut condamné à mort. Le jugement fut confirmé par l’amiral Max Bastian le 10 juillet et Yves de Fougerolles fut transféré à la prison de Schwäbisch Hall (Bade-Wurtemberg), où il fut mis dans une cellule individuelle dans l’attente de la grâce du Führer Adolf Hitler qui ne fut pas accordée.
Dès lors l’affaire était consommée et le 18 août, le directeur de la prison fit le tour des cellules pour annoncer aux condamnés qu’ils seraient transférés dans la nuit du 20 au 21 août et que leurs affaires personnelles devraient rester sur place. On leur fit remplir une étiquette indiquant leur adresse en France afin qu’elles soient restituées à leurs familles. Tous comprirent quel sort leur était réservé.
Yves de Fougerolles et 23 autres codétenus furent conduits en camionnette par groupes de huit, le 21 août à l’aube à la caserne Schlieffen, à Heilbronn (Bade-Wurtemberg). Ils furent fusillés au champ de tir d’Heilbronn après avoir reçu l’assistance d’un prêtre, mais en refusant d’avoir les yeux bandés. Ils moururent courageusement en criant " Vive la France ". Ils furent inhumés dans le cimetière de Sonthein-Neckar et le dernier vœu des 24 condamnés étant « d’être enterrés en France » fut exaucé par le réseau " Alliance " qui rapatriera les corps en juin 1947, à Strasbourg. Il fut inhumé à la nécropole nationale de Strasbourg-Cronenbourg (Bas-Rhin).
Il fut déclaré " Mort en déportation " par arrêté du 26 février 2013. Son nom figure sur le monument aux morts de La-Trinité-sur-Mer.