Camille Valence

seigneur de Fontenille
Blason de la famille de Valence

Parents

Famille

Notes

Oeuvre de M. Claude Henrys, conseiller du Roy et son premier avocat au Bailliage de Siège présidial de Forez :

"Il n'y a personne qui n'ait entendu parler du cruel assassinat commis en la personne de Camille de Valence, Écuyer, Seigneur de Fontenil. Ce Gentilhomme était originaire de Roanne en Forez. Il embrassa le parti des armes, où il se distingua; dans la précédente guerre, il devint premier Capitaine du Régiment de Xaintonge. Etant de quartier d'hiver dans le pays chartrain, il fit connaissance avec Marie Le Maine, qui était jeune, belle & riche. Elle jouissait des biens de son père qui était décédé. Il contracta mariage avec elle le 26 février 1694; il y eut une stipulation de communauté, un douaire préfixe de 600 livres chacun an, & un préciput de 6000 livres au profit du survivant. Quoique le Sieur de Fontenil, qui était un parfait honnête homme, en usa très bien avec sa femme, elle ne laissa pas de s'abandonner à la coquetterie; & parce que la présence de son mari la gênait, elle prit le parti de s'en défaire. Ce qu'il y a de surprenant, ce fut par le conseil de sa mère, qui machina cet exécrable assassinat avec les amants de sa fille. Ils apostèrent des assassins qui se cachèrent dans les bois de Montigny, proche de la ville de Chartres, par où le Sieur de Fontenil devait passer pour aller à sa maison de campagne. En passant ils le tuèrent d'un coup de fusil; ils tuèrent aussi son cheval & trainèrent l'un et l'autre bien avant dans le bois; mais Dieu qui ne laisse pas des actions si noires sans punition, permit trois ou quatre jours après qu'une vache se sauva dans ce bois; le vacher courut après & en courant il rencontra le corps du défunt. L'ayant dit à ses camarades, ils allèrent ensemble voir ce cadavre et le reconnurent. Ils coururent le déclarer au Bailly de Montigny, qui vint lever le corps & en dresser le procès-verbal. Les Officiers du Bailliage de Chartres en ayant eu avis, en voulurent prendre connaissance, comme étant d'un cas royal; le Prévôt des Maréchaux de son côté en voulut connaître comme étant d'un cas prévôtal.
Cela forma un conflit de juridiction au Grand-Conseil, qui par sa durée aurait pu faire perdre la trace de cette affaire, si M. l'Évêque de Chartres, qui avait de l'estime pour le Sieur de Fontenil, qui était un Gentilhomme rempli de mérites & de vertus, n'en avait écrit au Roy. Sa Majesté qui aime la justice, et qui ne laisse point le crime impuni, évoqua l'affaire à lui et à son Conseil, & en même temps en attribua la connaissance au Parlement & ordonna à M. le Procureur-Général de tenir la main à la punition de ce crime. Ce Magistrat fit rendre un arrêt à sa requête, par lequel l'instruction du procès fut renvoyée au Lieutenant criminel de Bellême comme au plus proche juge royal non suspect.
Messire Claude de Valence, Écuyer, Seigneur de la Minardière, Bailly d'Épée du Bailliage du Duché de Roannez, frère aîné du défunt, ayant été averti du meurtre commis en la personne de son frère, se transporta en cette ville de Paris & mena le Sieur Mathieu, Lieutenant général au Bailliage de Roannez, très-habile dans toutes sortes d'affaires, surtout dans les matières criminelles, ayant exercé longtemps la charge de Lieutenant criminel dans le même Bailliage. Après avoir séjourné quelques jours dans cette ville & reçu les ordre de M. le Procureur Général, ils allèrent à Bellême, où le Sieur de la Minardière se rendit partie civile, & poursuivit avec tant de vigueur la punition de ce crime, que par sentence rendue par contumace le 13 août 1699, les nommés Le Bouleur, de Chassant & de Champigny furent déclarés atteints & convaincus d'avoir tué et assassiné le Sieur de Fontenil dans le bois de Montigny; Catherine Beurrier, mère de Marie Le Maine & femme du Sieur de Quercy, en secondes noces, Marie Le Maine, femme du Sieur de Fontenil & les nommés des Touches, de Malnos et le Parisien, d'avoir machiné et fait faire ledit assassinat: pour punition & réparation de quoy, Le Bouleur, de Chassant et de Champigny furent condamnés à être rompus vifs; Marie Le Maine, des Touches et de Malnos d'avoir la tête tranchée, en outre ladite Le Maine déclarée indigne, privée et déchue de son douaire, conventions matrimoniales & autres avantages résultant de son contrat de mariage. Catherine Beurrier & le Parisien furent condamnés à être pendus & tous leurs biens confisqués, sur lesquels il serait préalablement pris la somme de 200 livres pour amende pour le Roy & 1000 livres pour faire prier Dieu pour l'âme du défunt; & tous solidairement condamnés en la somme de 20000 livres pour réparation civile envers le Sieur de la Minardière & aux dépens du procès.