Emmanuel Merlin d'Estreux de Beaugrenier

le Baron de Beaugrenier

Blason de la famille de Merlin
  • Né le 13 février 1906 à Chouzy-sur-Cisse
  • Décédé le 8 octobre 1965, à l'âge de 59 ans

Parents

Famille

Occupations

  • colonel de parachutistes

Distinctions

  • commandeur de l'ordre de la Légion d'honneur

Notes

LES OBSÈQUES du Colonel Emmanuel MERLIN d'ESTREUX de BEAUGRENIER

ont eu lieu le 12 octobre 1965, en la chapelle de l'hôpital militaire de Nancy, en présence de la nombreuse famille du Colonel, du Général Massu, Commandant la 6° Région, de nombreux officiers d'Etat-Major, d'officiers et de sous-officiers et du personnel civil et militaire du Service social de la Région.

Au cours de la cérémonié religieuse, M. l'Aumônier Theuret, de Nancy, a évoqué en termes émouvants les grandes vertus chrétiennes du disparu : Dans quelques instants, les honneurs militaires seront rendus au Colonel de Beaugrenier. Des voix autorisées ren- dront hommage au soldat qu'il fut. J.l .faut, avant que l'Eglise maternelle rende ses derniers et solennels honneurs à son fils -en encensant son corps promis à la résurrection, qu'hommage soit rendu à ce chrétien exeniplaire-, à ce chevalier. · Le Colonel de Beaugrenier fut et demeurera 'pour tous ceux qui l'ont connu un chevalier. Du chevalier, il avait l'élan, l'enthousiasme, la générosité, la joie. Il était -lumineux. Tous, n9us garderons en nous le souvenir de son meilleur sourire. Du chevalier, il avait la foi. La foi en Dieu qui s'est révélé -en Jésus Christ et qui se donne à .l'Eglise et par l'Eglise. D'un bout à l'autre de sa ~ie, il avança, éclairé, for- tifié, engagé par sa fài. C'est elle qui iUumine et approfondit son amour conjugal, son amour paternel. C'est elle qui marque ses amitiés. C'est elle qui fit vivre sa vocation de soldat comme un long et absolu service. Si un homme a témoigné devant nous de ce qui est ,le service total, absolu, le don de soi sans retour pour accompagner sa mission, ce fut bien cet homme-là. Sa vie fut et demeurera ·pour les siens et pour tous ceux qui l'ont connu un exemple entraînant. On rappellera tout à l'heure ce que fut son comportement sur les champs de bataille, dans ses divers commandemen,ts. Le prêtre qui vous parle l'a beaucoup approché dans sa dernière mission que lui a confiée l'Armée. Toutes ses ql{_alités d'homme et de chef, il les apporta avec enthousiasme à l'humble service de ses frères. Pas un seul instant, il ne crut que c'était une tâche de seconde zane qui lui était confiée. Il avait toujours su que le soldat est d'abord un homme et que l'attention première doit être l'attention aux problèmes humains et ,que, dans ce domaine, quelles que soient les· apparences, il n'y a pas de petits problèmes. · Il avait le don si rare de l'accueil. Il savait écouter, art si difficile : il écoutait avec son intelligence, mais aussi avec son cœur. Il avait le don merveilleux de la compassion : nulle détresse humaine à laquelle il ne cherchât un apaisement. Certains, peut-être, abusèrent-ils un jour ou l'autre de sa bonté. Ce chrétien savait qu'il vaut mieux courir le risque d'être dupe que de passer une seule fois, les yeux fermés, à côté d'une vraie détresse. Comme il se savait, de var ses fonctions, en pleine vrise avec les problèmes humains, familiaux, moraux, sociaux, il ne s'estimait jamais quitte à l'égard de sa mission. Ce chevalier réalisa jour après jour, la parole de son Maître « Il n'y a pas de plus grande marque d'amour que de donner sa vie pour ceux què l'on aime ».

Il consacra ses forces au service de sa Patrie, il usa ses forces au service de son prochain, car il alla dans ce service au-delà de la limite de ses forces. Le jour où il entra à l'hôpital fut pour lui comme une entrée en retraite spiritu~lle. La grande affaire de sa vie devint alors, plus intensément encore, la recherche de Dieu, le service de Dieu. Chaque jour, il communia, son chapelet était toujours à ses côtés. Notre-Dame qui avait tant marqué son âme de chrétien, qui lui avait donné une délicatesse souriante, fut le grand réconfort de ses derniers jours. Il fit l'admiration de tous ceux qui l'approchèrent en ces dernières semaines : courageux face à la souffrance, généreux dans l'accueil, abandonné à la volonté de Dieu.

Enfin le Général de Corps d' Armée Massu, Commandant la ,6e Région militaire, en retraçant la brillante carrière du Colonel de Beaup.:renier, mit en valeur ses vertus militaires et le sens du devoir jusqu'à l'abnégation de notre regretté camarade. Le Colonel de Beaugrenier, Commandeur de la Légion d'Honneur, nous offre un modèle de vertus militaires, humaines et chrétiennes, qu'il convient de méditer, car sa fin douloureuse a couronné sa carrière en forme d'apothéose et lui confère une noblesse exemplaire. · En toutes circonstances, il a lut.té pour sérvir au mieux son Pays, l'Armée, ses frères d'Armes et leurs familles, sa famille.

Il a combattu, avec un extraordinaire courage, le mal qui devait l'emporter, et si ses forces physiques l'ont abandonné, l'esprit qui ta animé est bien l'esprit immortel . des Troupes Parachutistes auxquelles il était demeuré attaché et dont il avait fait sienne la meilleure devise « Croire et v,aincre ». Il a cru et il a obéi à sa vocation de Saint-Cyrien de la Promotion du Riff 24-26, en s'élançant vers le prestigieux Maroc, dès 1930; après avoir obtenu son brevet d'observateur en avion à Avord, pour mener le jeu actif et combien formateur des meiZ.Zeurs officiers de l'époque, soit à la tête de ses tirailleurs, soit en missions aériennes d'accomc pagnement. Il a tout fait pour vaincre en 1940, ainsi qu'en témoigne le texte de sa citation à l'ordre de l'Armée alors qu'il était capitaine au 3" Régiment de Tirailleurs Marocains. « Commandant de Co111pagnie de valeur; a magnifique- « ment conduit son unité les 18, 19 et 20 mai 1940, au cours « des combats de la forêt de Mormal. Le 21 mai, · devant « Eglefontaine, à la tête de son bataiLlon dont il avait pris « le commandement, entraînant ses tirailleürs avec ardeur, « a tout tenté pour forcer un barrage d'engins cuirassés « appuyés par une artillerie puissante, et n'a cessé le com- " bat qu'après avoir épuisé tous ses moyens. » La très haute idée qu'il avait de sa mission le tenait en souci constant de la bonne marche de la délégation. Il était préoccupé et même rendu anxieux par le déficit croissant d'Assistantes Sociales et multipliait les démarches, voyages, liaisons, auprès des Chefs de Corps, des Services, etc ... , pour remédier aux situations que ce déficit ne manquait pas de coeur . Il se dépensait sans compter, craignait qu'un arrêt de travail prolongé ne portât préjudice à l'accomplissement de ses multiples devoirs et obligations. Dans sa chambre et jusqu'à son hospitalisation à Nancy le 16 août, il dirigeait quand même la délégation et, grâce à ses directives, les sessions de colonies de vacances ont pu se dérouler normalement. C'est ainsi que ce Colonel Parachutiste, modeste et sou- riant, discipliné et allant, termine sa carrière, maîtrisant dans un dévouement total, les problèmes sociaux qui touchent le cœur du Soldat, ce cœur dans le Maréchal de Saxe disait « il est le point de départ en toutes choses de la Guerre », contribu_ant par là même efficacement à affermir et développer la confiance clans le Commandement, cet élément essentiel du moral des Troupes. Quelle leçon d'intelligence de son métier, mais aussi de charité et d'humilité nous a léguée le Colonel de Beaugrenier. La spiritualité qui le nimbait -déjà et l'a progressivement et totalement illuminé au cours .,de son calvaire, lui confère une autorité morale, qui rayonnera longtemps sur nos âmes.

Le Colonel de Beaugrenier qui fut un excellent parachutiste était Commandeur de la Légion d'Honneur et titulaire de 6 magnifiques citations.

Il était le gendre du Général de Loustal, dont nous avons relaté la magnifique carrière militaire au Maroc dans notre bulletin de liaison n° 15 de mars 1961.

Un service funèbre eut lieu le 13 octobre 1965, en l'église Saint-Louis des Invalides, en présence de la famille de notre camarade.

Etaient présents :

Mme la Maréchale Leclerc de Hautecloque,

MM.

le Général de Saint Bon, président de la Koumia, le Général Hogard,

le Général Massiet du Biest,

Mlle Françoise Guillaume, représentant le Général Guillaume,

Mme Blanckaert,

Mlle Bréhant,

le Commandant G. Crochard.

En renouvelant à Madame de Beaugrenier, à ses enfants et à sa famille, l'expression de nos condoléances les plus émues, nous lui adressons l'hommage de notre respectueux dévouement.

Le Général de Saint Bon

Président de la Koumia