Henri de Penmarc'h

2e baron de Penmarc'h
Blason de la famille de Penmarc'h
Prest vé

Parents

Famille

Lieu d'habitation

Occupations

  • capitaine
  • soldat qui s'illustra dans sa jeunesse contre les anglais

Notes

Étrange destinée, à la vérité, que celle de ce gentilhomme qui, appelé dès son adolescence à porter le tortil de baron et à exercer en fait le premier les privilèges de son titre, non seulement finira ses jours sous la tutelle de sa femme, curatrice du prodigue, mais encore succombera mutilé et sanglant sous les coups d'une brute féroce.

Il naquit en 1484 et était âgé de 15 ans lorsque le décès de son père le fit baron de Penmarc'h.
Sa tutelle fut successivement assurée par ses oncles Louis, chanoine de Saint-Brieuc et ensuite Christophe, évêque du même lieu. Tous deux défendirent avec zèle les intérêts de leur neveu, non seulement contre les tiers, mais même contre leurs propres parents (Coëtivy, du Juch, Le Baillif). La tutelle dut prendre fin avec le décès de Monseigneur de Penmarc'h (6 décembre 1505).

Entre temps Henri épousa Jacquette Le Forestier, veuve sans enfants de Jean Le Voyer, dont il eut :
-Henri, mort sans postérité avant son père (avant 1520).
-Mauricette

Mauricette, dame de La Villedoré, qui épouse Robert Eder, sieur de Beaumanoit, aïeul du célèbre ligueur La Fontenelle.
Pannon héraldique au manoir des Villes-Doré près St-Brieuc : coupé au 1 de Eder, au 2 de Rosmar, au 3 de Penmarc'h, etc...
-Margilie, qui épousa successivement le sieur de Bréhant, puis Julien de Cramon.

Il ne semble pas qu'il ait été un guerrier comme ses ancêtres; les auteurs ne font nulle mention de sa présence aux armées et même M. de Kerdanet, qui entreprend de le laver des épithètes de lâche et de couard décochées par Marc’hec, nous dit seulement qu'il avait été en sa jeunesse vaillant et hardy... y ayant exposé son corps et ses biens et fourny des harmes et des harnois pour la tuition du pays (66-1). Par contre nous le voyons en procès avec Prigent de Coatmenech pour le bris d'une vitre à ses armes en l'église du Folgoët (26 juin 1508 et 2 mai 1514) ; d'autre part, à l'entrée (13 mai 1520) à Saint-Pol de l'évêque Guy Le Clerc (67-1), il eut également un conflit avec ce seigneur avec lequel il partagea d'ailleurs la vaisselle épiscopale à l'issue du repas (67-2).

Le 24 novembre 1520, il abandonnait, sous réserve d'usufruit, tous ses biens entre les mains de ses deux filles Mauricette et Margilie. Le 26 janvier suivant, il épousait Guillemette de Kerloaguen, sa parente au quart degré (67-3), dont il devait avoir un fils, Alain, et qui, après sa mort, épousa Jacques du Parc, sieur de Locmaria. Sans revenir sur la donation consentie à ses filles, il lui fait, en mai suivant (1522), une donation réciproque de tous ses biens meubles, à charge pour le survivant a de payer et acquitter les testament, dettes et obsèques et enterrement du pré-décédé . Sur la demande de ses enfants et en particulier des Eder de Beaumanoir, une information est ouverte contre lui, qui le déclare prodigue et lui donne pour curatrice sa femme Guillemette de Kerloaguen.

Ainsi donc, Henri de Penmarc'h, loin de suivre la vie des camps, comme l'avaient fait ses devanciers, devait mener une vie de dissipation et d'inutilité. N'est-ce point d'ailleurs en cette vie de bombance qu'il faut rechercher la cause initiale de ses querelles tragiques avec Jean Marc'hec de Guicquelleau (67-4), puisque, de l'information de justice, il résulte que le 12 octobre 1523, se trouvèrent ensemble lesdits Penmarc'h et Marc'hec, beufvant et faisants bonne chère, l'un démontrant amour et bon vouloir à l'autre.. . , que rentrant de Lesneven, Henri passa par Guicquelleau et se mit à table avec la femme et la belle-mère de Marc'hec en attendant l'arrivée de ce dernier. Marc'hec, survenant peu après, embrasse le sieur de Penmarc'h, mais refuse de s'asseoir à table et se tint debout pour souper. C'est au cours de ce repas que survynt entre eux quelques paroles, tellement que le dit Marc'hec évagina son épée sur le sieur de Penmarc'h .

On connaît les suites de cette querelle, les trois doigts coupés et les plaies à la tête et au bras du sieur de Penmarc'h, la plainte portée par Guillemette de Kerloaguen, l'enquête sur les noblesse, privilèges et prééminences des Penmarch, la transaction du 8 mai 1525, aux termes de laquelle Marc'hec s'engage à servir à sa victime une rente perpétuelle de 35 livres, en garantie desquelles il livre un certain nombre de maisons et de terres.

Si nous en croyons les archives de Penmarc'h, l'affaire se serait bornée là et Henri de Penmarc'h serait décédé de ses blessures en 1527. Nous nous rallions plutôt à l'opinion de MM. Marius et Louis Blanc (68-1) qui, se basant sur l'acte d'accusation déposé aux archives de Kerdanet, nous rapportent une deuxième scène qui se passa le 15 janvier 1527 : Henri de Penmarc'h s'étant rendu à Guicquelleau à 11 heures du soir, but, mangea et fit bonne chère pendant l'espace de trois heures. Le résultat ne se fit pas attendre : Henri et Marc'hec burent tant et tellement ± qu'ils auroient advancé jusques à boire dans une escuelle de bois . Cependant Henri de Penmarc'h, froissé des insultes de son hôte, se lève d'un pas trébuchant, mais au moment où il va monter à cheval, Marc'hec, de la fenêtre de la cuisine, lui décoche, malgré son ébriété (fait remarquable) un coup d'arbalète qui le fait choir, puis il l'achève de huit coups de taille en la tête et cinquante-six estocqs en aultres parties du corps .

Ainsi périt Henri, deuxième baron de Penmarc'h ; sa mort secoua la torpeur de la cour de Lesneven, qui depuis tant d'années supportait les forfaits du terrible Marc'hec, jusque et y- compris son attaque à main armée du cortège de François Ier sur la route de Lesneven. Arrêté, le coupable est condamné à mort un mois plus tard (15 février 1527) et décollé, et son effigie en pierre de taille fut mise et plantée au milieu des patibulaires de Penmarc'h.

Telle est, d'après les documents authentiques, l'histoire de Marc'hec de Guicquelleau ; à la place du larron d'amour dont Emile Souvestre nous rapporte la gracieuse et émouvante légende, nous voyons un soudard brutal et ivrogne, ne respectant ni les femmes, ni son chef, ni même son roi. Finies les évocations romantiques de la riche penhérès, déjà enceinte, se traînant aux pieds de son père en implorant la vie de son amant ; finie également l'histoire du chêne de la pendaison, sans cesse renouvelé par les descendants du meurtrier sous leurs propres fenêtres (69-1). L'arbre tragique doit rentrer à son tour dans la catégorie des accessoires romantiques, où il rejoint, au grand regret des âmes tendres, la belle jeune fille et le chevalier blanc victime de l'orgueil du ± marquis .