Portrait de Léon Guibert (1834 - 1921)

Léon Guibert

Jean Claude Léon
Signature de Léon Guibert (1834 - 1921)

Parents

  • Thimogène Guibert (1800 - 1848), étudiant à Paris en 1819 enrôlé dans les bataillons de la Garde Royale de Louis XVIII, sous-lieutenant d'infanterie au 11e régiment de ligne, démissionnaire
  • Jeanne Siome (1802 - 1871), rentière

Famille

Lieu d'habitation

Occupations

  • officier de marine (élève sur le Borda en 1851, la Sérieuse en 1853, l'Iéna en 1854 - aspirant sur le Montebello, le Sésostris, l'Africaine et le Prince Jérôme pendant la guerre de Crimée - enseigne de vaisseau)
  • percepteur dans le Finistère, puis le Morbihan, le Maine-et-Loire et la Charente de 1858 à 1884
  • propriétaire demeurant à Bourgneuf

Distinctions

  • chevalier de l'ordre de la Légion d'honneur (1855)

Liens

Notes

Le petit Léon révèle vite ses qualités intellectuelles et ses parents l'envoient très jeune (onze ans) de Savenay au collège d'Aumale à Lorient par la diligence. Il y étudie de 1845 à 1850, ne revenant au foyer qu'une fois l'an. Entretemps, son père décède.

Léon intègre l'école navale à 17 ans le 3 octobre 1851. Une grande partie de l'instruction se fait en mer, sur le Borda, un ancien vaisseau de ligne du début du siècle. La vie des bordachiens - c'est ainsi qu'on appelle les élèves - est encadrée par un spartiate règlement disciplinaire datant de Louis XIV. Mais Léon sert aussi sur d'autres bâtiments de l'école navale : La Sérieuse en 1853, puis l'Iéna en 1854.

C'est l'époque de la guerre de Crimée. Ce conflit oppose la France et ses alliés à la Russie, qui menace l'empire Ottoman, donc l'équilibre européen. Léon sert comme aspirant sur le Montebello, le Sésostris, l'Africaine et le Prince Jérôme. Il est noté « intelligent sait le canonnage a tout ce qu'il faut pour devenir un bon officier ».

En 1855 il est débarqué à terre du vaisseau Montebello pour servir une batterie d'artillerie. La canonnade avec les Russes est très violente. Tous les officiers Français sont tués, il prend le commandement et poursuit le combat. Il sera le seul officier survivant ce qui lui vaudra la Légion d'Honneur le 14 septembre 1855 à 22 ans.  (autre version : au cours de la guerre de Crimée, Léon sert comme aspirant de Marine à bord du Sésostris, un ancien paquebot postal 3 mâts goélette à huniers et roues à aubes transformé en bombarde de guerre. Il est commandant de batterie. Au cours d'un combat, voyant tous les officiers tués autour de lui, il ne se laisse pas aller au découragement et défend superbement sa batterie...). 

En 1857, Léon demeure à Bourgneuf-en-Retz où sa mère possède une maison et une charge de directrice des postes, qu'elle ne tient d'ailleurs pas elle-même.

Dossier individuel de personnel de GUIBERT Jean Claude Léon Cote MV CC 7 ALPHA 1109 Vincennes 

À Bourgneuf, Léon rencontre Élisa, la fille du docteur Mourain. Les Mourain sont une vieille famille du coin, qui ont donné à la bourgade son premier maire, mort tragiquement à la Révolution lors des soulèvements vendéens. C'est aussi une famille riche, qui possède un grand nombre de fermes dans le pays.

Les deux jeunes gens s'aiment, mais il n'est pas simple de convaincre le docteur Mourain d'une telle alliance, car Léon, alors enseigne de vaisseau, et sa mère sont nettement moins possessionnés. Le mariage a lieu cependant, le 28 juin 1857.

Élisa, qui a du caractère, ne supporte pas les absences de son époux, et dès qu'elle est enceinte d'un premier enfant, elle le convainc de démissionner, ce que Léon fait, le 14 mars 1858, deux semaines avant la naissance du premier enfant, Marie. Raison officielle : le mal de mer. Sa boussole, son sabre et sa légion d'honneur sont aujourd'hui à Chanteloup, chez Françoise Dorion.

Léon achète donc une commission de percepteur dans le Finistère, à Plouzévédé. L'année suivante, il exerce à Saint-Pol-de-Léon. Entretemps, la petite Marie est décédée à l'âge de quelques mois seulement, et c'est une autre Marie qui naît un an après, en juillet 1859. Quelques années plus tard, en 1863, vient un petit Léon, qui ne vivra aussi que quelques mois, puis Alexandre en 1864. Cette année là, Léon est nommé percepteur à La Gacilly, en Morbihan. Y naît en 1870 Élisa. Léon Guibert achète en 1879 la commission de Montjean, en Maine-et-Loire, puis il devient titulaire de la perception de Segonzac, en Charente entre 1880 et 1884. C'est l'époque où l’État est en conflit avec l’Église, et comme beaucoup de catholiques, il préfère démissionner que de continuer à le servir (détail amusant car il semble que les Guibert et les Mourain aient été franc-maçons par le passé). Il prend donc sa retraite à l'âge de 50 ans seulement, pour se consacrer aux siens, sachant que les rentes de sa femme le mettent à l'abri de tout souci financier.

La famille se fixe alors à Bourgneuf, et habite la maison du docteur Mourain depuis lors décédé. Léon jouit dans cette ville d'un certain respect, refusant toujours par modestie de participer à l'administration de la commune.
Lorsque sa fille Marie, alias Tantine, décide de créer une école pour les enfants pauvres de Bourgneuf, Léon la soutient dans son projet et c'est lui qui dessine les plans de ladite école, qui sera construite au bout du jardin de la maison du docteur Mourain. Tantine va ensuite trouver Mgr Le Fer de La Motte, et jetant les clefs de la nouvelle école sur le bureau du prélat, elle lui réclame des religieuses pour faire la classe, ce qu'elle obtient. En 1905, c'est le scandale des fiches du général André. En lisant Le Petit Journal, à ce qu'on raconte, Léon Guibert tombe sur la fiche de son propre fils qui y est donnée en exemple. A partir de ce moment, Alexandre part faire la campagne du Maroc car là-bas, on ne regarde pas les opinions religieuses des officiers mais seulement leur valeur.

La mort d'Alexandre, tombé à la bataille de la Marne en 1914, donne bien du chagrin aux époux Guibert, qui peuvent compter sur des filles dévouées pour adoucir leur peine. En 1921, Léon est retraité et vit avec sa femme Elisa, sa fille Marie et deux domestiques (Louise Lebinière et Joséphine Gaborit)

Il y a de plus toujours une religieuse chargée de s'occuper d'Elisa. La nonne en charge de cette tâche dort à l'étage de la maison, et change tous les trois mois, afin de ne pas trop s'habituer à cette vie. Cela aide le couvent à vivre.

Vient un jour où, bien âgé, Léon Guibert, qui vient de marcher 4 kilomètres, se montre un peu fatigué. La religieuse qui s'occupe à ce moment de sa femme est donc aux petits soins pour lui. Cela rend, entre nous soit dit, Elisa quelque peu jalouse de son mari.

Or, la nuit même, l'une des religieuses qui connait bien la famille - y ayant servi plusieurs fois - voit en songe Léon Guibert qui lui dit qu'il est au Ciel, car il avait aidé sa fille à créer son école. Convaincue du décès de M. Guibert, la soeur court réveiller sa supérieure pour lui demander l'autorisation de passer la nuit en prière à la chapelle, ce qu'elle fait. Et c'est bien ce qu'il s'est produit : Léon Guibert est mort dans la nuit. Nous sommes le 16 septembre 1921. Le 22 octobre suivant, Elisa meurt à son tour. Les époux partagent d'ailleurs le même faire-part de décès.