Guillaume de Plessix, Sr. de Kerangoff, procureur de ville, autorisé par arrêt de la chambre de l'Union à faire acquitter sans difficulté les billets qu’il donnera au-dessous de dix écus : Pierre Guengamp, miseur.
Même en s'efforçant de se remémorer l"héroïne de ces noces, Fiacrette en habit de mariée, il voit plutôt à son côté le pourpoint fleur de pêche et d'argent, croit-il, de Guillaume de Kerangoff. Et cessant les pensers frivoles, dont il n'était pas coutumier bien qu'ils fissent partie du tour d'esprit de son époque, il évoque au—dessus dudit pourpoint fleur de pêche le visage énigmatique, inquiétant parce que brutal, du marié qui le portait - quatrième beau-frère peu sympathique, et qui sans-doute, pense François Le Gac, aurait déplu « beaucoup davantage » encore à feu de bonne mémoire monsieur son père Louis Le Gac de Kerraoul... (--> D'après l'arrêt de réformation du Plessis, la mère de Fiacre Le Gac est Fiacre Tronzou, donc le père n'est pas Louis Le Gac de Kerraoul...)
Les deux derniers documents sont postérieurs pair leurs dates aux guerres de la Ligue ; toutefois ils se rattachent intimement à ces événements. L'un est la supplique adressée au roi par les habitants de Mor» laix, afin d'être délivrés des exactions de Guillaume Duplessis, s r de Kerangoff, d'abord procureur de la ville, puis chargé de la garde du château du Tau- reau, qu'il conserva bon gré mal gré jusqu'en 1604, moyennant 18,000* que lui paya la ville.
On aurait pu voir le Château du Taureau comme le château de Primel, sur la même rivière, occupé par La Fontenelle, ou tomber aux mains des étrangers. D'Aumont fit appel au patriotisme du capitaine de cette place, en lui demandant au nom de la paix publique, de se maintenir dans son commandement envers et contre tous, jusqu'à ce qu'il eût reçu d'Henry IV l'avis de se retirer. L'ancien maire, qui exerçait cet emploi, était Guillaume du Plessis de Kerangoff, ancien ligueur, mais qui avait compris qu'il n'y avait plus qu'à se rattacher au roi légitime. Quand son successeur vint pour occuper le fort, il lui en refusa l'entrée. La ville s'étonna de cette violation de ses droits et ne voulut plus payer les gages du capitaine. Du Plessis l'y contraignît en mettant arrêt sur le passage des navires. Elle recourut à l'autorité du conseil privé du roi. Ses requêtes furent traînées en longueur par des réponses dilatoires ou évasives, si bien que le capitaine du Plessis, dont la famille subsiste encore dans le pays, ne reçut l'autorisation de se retirer qu'au bout de dix ans. Il remit le château au maire sortant qui s'appelait Maurice de Kerret. C'était en l'année 1604.
Jean du Plessis, sieur de Coatserc'hô, maire de Morlaix en 1587, était le frère aîné de Guillaume du Plessis, sieur de Kerangoff, effronté pillard qui profita des troubles de la ligue pour s'emparer du château du Taureau et en rester neuf ans le maître, arrêtant au passage les navires et en vendant à son profit la cargaison, rançonnant de notables bourgeois, faisant saisie à Morlaix même ses ennemis qui eut l'honneur de recevoir des lettres autographes de Henri IV, ne délogea que sur un ordre formel de lui (1604) et s'en revint à Morlaix présenter à la communauté une note formidable de dépenses ; il lui extorqua environ 28.000 livres.
Pendant la Ligue, des favoris, auxquels la Cour conférait le gouvernement de cette forteresse, avec des appointemens de 10,000 livres, prélevés sur la Cité; des membres du corps municipal même, tentèrent de s'en rendre maîtres : Mesgouez, l'un des amans de la Médicis; Duplessis Kerangoff, ancien maire, furent de ce nombre. La ville, à prix d'or, les éloigna toujours; mais, h la fin, les rois de France jetèrent leur sceptre dans la balance, et tout fut dit! — C'est Louis xir, le grand Roi, devenu faible et trembleur, qui s'offusqua de cette souveraineté de petits bourgeois sur une petite place <le guerre. Un jour que, suivant l'usage, le maire sortant d'exercice allait prendre le commandement du fort, un officier aux gardes vint dire à la Communauté que le despote voulait que le Taureau fût au roi : — c'était le 6 juin 1660, date honteuse pour la cité morlaisienne!
Quant au fort du Taureau, deux hommes, dans un intérêt personnel, l'avaient successivement soustrait à l'autorité des bourgeois. Le marquis de Mesguez, nommé gouverneur de Morlaix en 1568, s'en était d'abord emparé pour son propre compte; il fallut plaider contre lui pendant quatre ans, et en définitive acheter sa retraite au prix de 2,500 livres. C'était sans doute le résultat assez lucratif de cette spéculation de condottieri qui avait conduit un ancien maire de la ville à tenter la même aventure. Duplessis Kerangoff se trouvant maître du fort, en 1595, refusa de le rendre à ses pairs. Il le gardait au nom du roi, disait-il, et sans intention hostile; mais quand on lui refusait sa paie, il bloquait la rade, saisissait les navires, enlevait les notables du pays et les rançonnait impitoyablement. Au bout de neuf ans, on pensa qu'il était temps de mettre un terme à un pareil état de choses, en lui payant 14000 livres pour la reddition du fort.
Aussi, à l'époque de la Ligue, les habitants se dé— clarèrent contre Henri IV; mais DupleSsis—Kerangoff, alors com— mandant du château, refusa de le rendre aux marchands, et le garda, au nom du roi, même après les troubles, malgré les habitants. Il se servit de cette bonne position pour tourmenter impitoyablement le commerce de Morlaix, et se conduire en vrai pirate. Il bloquait la rade, faisait main basse sur les navires, enlevait les notablesdu pays et les rançonnait. Il finit, après dix ans d'excès, par vendre sa retraite à prix d'argent. Les royalistes le laissaient faire; mais je ne crois pas facilement que Henri IV lui ait écrit une lettre, contenant ces paroles: « Plumez, plumez la poule, sans la faire crier. »‘ Pendant la Ligue, une assemblée, dite de la Sainte-Union et com— posée de cinquante-six personnes,‘ gouverne Morlaix et le pays voisin: elle est dirigée par un fervent ligueur, l'archidiacre de Plougastel, et tient ses séances dans la grande salle du couvent des Jacobins. Toutes les paroisses des environs. Plourin, Plougasnou, Ploujean, Plouézoch, Lanmeur, Plouégat, etc., doivent fournir un certain nombre d'arquebusiers, sous la conduite de leurs capitaines: ceux qui refusent obéissance sont punis sévèrement; les suspects sont dénoncés; les gentilshommes et bourgeois sont forcés de jurer l'Union, de signer‘sur le registre et de donner caution en argent.
Entre 1594 et 1604, le château du Taureau, véritable verrou au milieu de la baie de Morlaix, est l’objet d’un conflit ouvert entre son gouverneur et le conseil de ville. Cette situation ne semble pas assez violente pour bloquer le commerce mais retire au conseil de ville le contrôle de la sécurité maritime. Depuis la construction du fort aux frais des bourgeois morlaisiens, les syndics sortant devenaient automatiquement capitaines du Taureau, pour une année. Le produit des taxes sur les boissons était utilisé pour payer la garnison et l’entretien de la place. Les comptes du Taureau étaient donc intimement liés à ceux de la ville.
En février 1594, comme de coutume à la fin de son mandat à la tête du conseil de ville, Guillaume du Plessix, sieur de Kerangoff, devient capitaine du château du Taureau, pour une année. Cet homme, bon ligueur, était déjà membre du conseil de la Sainte-Union lors de sa constitution en 1589 mais semble avoir fait partie des hommes favorables à la reddition pendant l’été 1594. A l’image du reste du gouvernement municipal, il conserve sans difficulté sa place à la reprise de la ville par le maréchal d’Aumont. Cela correspond d’ailleurs au 7ème article du traité de reddition, par lequel les Morlaisiens obtiennent de pouvoir continuer à gouverner le fort du Taureau « par tel que bon leur semblera« , suivant les anciens privilèges de la ville. En février 1595, Yves Deleau de Kerbabu qui termine son année de syndic s’apprête donc à relever Kerangoff quand celui-ci refuse de lui remettre le commandement du Taureau.
Au début de l’année 1595, Guillaume du Plessix prétend qu’en accord avec le maréchal d’Aumont, il doit continuer à tenir le gouvernement du Taureau jusqu’à en être relevé par ordre royal. Les prétentions de Kerangoff semblent solides et personne à la cour n’intervient pour le contredire. Au contraire, « le rebelle » obtient plusieurs fois des lettres patentes le confirmant dans sa fonction. S’agit-il là pour le maréchal d’Aumont d’une autre façon de diviser les pouvoirs, comme il l’avait fait en séparant le gouvernement du château de celui de la ville ? Avoir un homme à lui à cette position lui aurait en effet été indispensable en cas de reprise de Morlaix par Mercoeur ou même en cas de cession aux Anglais. Quoiqu’il en soit, la situation est inacceptable pour les bourgeois morlaisiens qui vont s’acharner pendant dix ans pour reprendre le contrôle du Taureau des mains de Kerangoff.
D’abord le conseil de ville s’adresse à Guillaume du Plessix en lui envoyant des notables pour parlementer puis des huissiers porteurs de sommations. Pour toute réponse, plusieurs d’entres eux sont enfermés sur l’îlot. La ville décide alors de ne plus lui verser la solde trimestrielle pour la garnison. Qu’à cela ne tienne, Kerangoff fait arrêter les navires des principaux négociants morlaisiens et ne les libèrent qu’en échange du paiement de son dû. En cas de refus, il conserve la marchandise saisie pour son usage ou la vend tout simplement, comme par exemple vingt ballots de crées (toiles de lin de Léon) enlevées à Yves Deleau en 1595. Plusieurs fois, mécontent de la somme reçue pour le trimestre, il retient carrément en otage le miseur et le force même à payer ses frais de détention. En 1599, Kerangoff fait arrêter et emprisonner Bernard Nouel de Kerdannet à Saint-Brieuc « dans une prison d’emprunt« . Les miseurs n’osent plus se rendre eux-même au Taureau et peinent à trouver des notaires pour s’acquitter de cette dangereuse corvée. En 1600, le capitaine du Taureau pousse l’impertinence jusqu’à rendre un compte à la ville des frais de sa gestion du château. Il y demande entre autre 950 Livres pour les « frais d’emprisonnement et d’enlèvement de divers habitants, leur pension pendant leur séjour au château« .
Impuissant à réduire Kerangoff, le conseil de ville porte l’affaire devant le conseil du Roi, qui prend tout son temps avant de la renvoyer devant le Parlement de Bretagne. Les magistrats rennais refusent une première fois de trancher, puis pressés par une nouvelle saisine, ils renvoient la résolution du conflit au maréchal de Brissac, lieutenant-général de la province. Il semble que ce dernier n’ait tout d’abord pas voulu revenir sur les engagements de son prédécesseur le maréchal d’Aumont (mort en novembre 1595) avant finalement d’accepter de conduire une médiation. Les bourgeois morlaisiens sont alors contraints de trouver un accord avec celui qu’ils regrettent d’avoir installé dans « leur forteresse » et ne savent plus comment l’en faire sortir. Lors des premiers échanges de cette négociation, en 1600, Kerangoff est prêt à prendre l’argent des Morlaisiens, mais refuse de rendre la place et demande même au maréchal de Brissac la permission d’user « à l’avenir » de la force pour se faire payer la solde de la garnison (sic). Cette même année, le fils de Kerangoff réussit à remporter les enchères de la ferme triennale des impôts locaux sensés justement financer les frais du Taureau. Le capitaine rebelle peut donc dorénavant se payer directement à la source, privant même les bourgeois du reliquat.
En 1604, soit que Kerangoff est fatigué de lutter, soit qu’il sent que ses appuis commençaient à se lasser, le conseil de ville parvient enfin à lui arracher un accord financier. Le 13 novembre, Guillaume du Plessix de Kerangoff touche 21 000 Livres pour solde de tout compte et libère enfin la place. Les bourgeois morlaisiens reprennent officiellement la possession du château du Taureau le 14 novembre 1604, date qui marque donc, pour Morlaix, la véritable fin de la guerre de la Ligue et le temps de la reconstruction, enfin.
... tout. gens de la ville et des faubourgs n'ont pas gardé pour aujourd'hui l'occasion de le juger et qu'on a vu certes assez, lors des noces de sa dernière sœur, Fiacrette Le Gac, avec le jeune Guillaume du Plessix de Kerangofl', la braverie qu'il savait mettre aux ajustements de fête. Ces noces de Fiacrette... Tout Morlaix avait commenté le luxe de monsieur Le Gac, ses chausses « de satin de Gênes cramoisy—bleuté, à bandes étroictes passementées d'or en chevrons, et le pourpoinct du mesme, à traçures d'or, bien habillant », avec les manches de satin blanc chamarrées et brodées d'argent, rattachées de joyaux de perles; la fronçure de col godronnée, en point d'aiguille; le toquet blanc garni de perles et pierres'violines; l'écharpe d'épée « tout ainsy », cachant par fausse modestie partie des boutons de cristal de roche et la chaîne de poitrine, « six—vingt gerbes d'or avec dix beaux diamants, six plus petits et quarante perles ». Et là—dessus le mantel court, Et là—dessus le mantel court, rejeté derrière les épaules, en velours « borduré de fourrure, garny d'or bien riche sur le vellours » Vive Dieu! la belle contenance! et ses trois beaux—frères, pour ce jour de splendeur, « l'équivalaient » presque, ma foi, dans leur harnois de cérémonie : Hervé Noblet, Antoine Quintin, Martin de Tourne— mouche, lesquels beaux sires et bons hommes avaient épousés « paravant » ses soeurs Azénor, Anne et Marie Le Gac. Les Dames - cela se conçoit - et damoiselle Lucrèce la première se trouvaient richement parées : mais monsieur François Le Gac n'entend pas plus que le turc tous ces termes de chaperons, de brassières, de cotillons, « de jupes à davantière, de vertugades ». Même en s'efforçant de se remémorer l"héroïne de ces noces, Fiacrette en habit de mariée, il voit plutôt à son côté le pourpoint fleur de pêche et d'argent, croit-il, de Guillaume de Kerangoff. Et cessant les pensers frivoles, dont il n'était pas coutumier bien qu'ils fissent partie du tour d'esprit de son époque, il évoque au—dessus dudit pourpoint fleur de pêche le visage énigmatique, inquiétant parce que brutal, du marié qui le portait - quatrième beau-frère peu sympathique, et qui sans-doute, pense François Le Gac, aurait déplu « beaucoup davantage » encore à feu de bonne mémoire monsieur son père Louis Le Gac de Kerraoul... (--> erreur le père est Olivier Le Gac de Coatlespel, cf fiche Fiacre Le Gac)
Sur le degré d'autre Guillaume du Plessix, père dudit Guillaume est raporté un acte de partage des biens de la succession de dame Fiacre Tronzou, dame de Coatlespel, mère de dame Fiacre Le Gac, compagne de noble Guillaume du Plessix, le jeune pour lesquels noble Guillaume Du Plessix, père dudit Guillaume du Plessix le jeune, transigeait et relevait ledit partage en date du 4e aoust 1578.