Pierre-Hippolyte Huin nait à Vic-sur-Seille en Moselle le 25 février 1804, quelques mois avant la proclamation du premier empire. Il est le second fils de Jean-François Huin et de Marguerite Laurent Créange mariés à Metz le 12 novembre 1793.
Son père avait eut un parcours singulier puisqu'il avait été ordonné prêtre le 19 septembre 1789, au début de la Révolution. Il fut vicaire à Bazoncourt puis à Saint-Eucaire de Metz. Le 23 janvier 1791, il prêta le serment constitutionnel pur et simple. A cette occasion, il prononça un discours « respirant le patriotisme le plus pur et la foi la plus éclairée », que la municipalité de Metz fit imprimer pour le répandre parmi le clergé. A en croire le Courrier de Paris du 15 février 1791, Mgr d’Orope enleva à Huin ses pouvoirs aussitôt après sa prestation de serment. Celui-ci ne tarda pas à recevoir la récompense de sa soumission aux lois. Le 8 mai 1791, il fut élu curé de la paroisse Saint-Maximin d’Outre-Seille. Il en prit possession le 15 mai.
Dès ce moment Jean François Huin se manifesta comme un partisan enthousiaste de l'ordre nouveau. Déjà le 5 mars 1791, il s'était engagé dans la garde nationale. Le 14 mars 1793, il fut élu notable. Le 18 mars, ses collègues de la municipalité le chargèrent de rédiger avec le comité des domaines un rapport sur l’ouverture des petites écoles. Le 27 mars, il fit fonction de procureur de la commune. Le 3 mai, son mandat de membre du comité de surveillance lui est renouvelé, mais il démissionna aussitôt. Il fut ensuite envoyé à Paris près des administrateurs des subsistances militaires avec mission d’en obtenir pour Metz. Il rendit compte de cette mission couronnée de succès, le 6 août 1793. Dans les premiers jours d’octobre, il fut chargé d’accompagner comme commissaire les soldats de la première levée jusqu’à la frontière. Le 20 brumaire an II (10 novembre 1793), il fut nommé agent national de la commune par un arrêté des représentants Mallarmé et Lacoste. Le lendemain, il pria les représentants en mission de rappeler ses vicaires de la frontière afin de lui permettre de s'acquitter avec plus de liberté de ses fonctions publiques. Le 22 brumaire (12 no vembre), il prononça devant la municipalité un discours énergique et la conique dans lequel il retraça « les maux que le célibat des prêtres a fait à la société et présenta au conseil l’épouse avec laquelle il va serrer les nœuds du mariage » (Marguerite-Laurent Créange) ; le président lui donna l’accolade fraternelle et l’on célébra séance tenante le mariage en présence d’un nombreux public, au son de la cloche de Mutte, que les assistants avaient demandé à grands cris de faire sonner. Jean-François Huin conserva ses fonctions d’agent national de la commune jusqu'au 7 pluviôse an III (23 janvier 1795). Au cours de la réaction thermidorienne, il fut placé sur ia liste des terroristes. Il fut incarcéré, mais relâché peu après. Il quitta sa ville natale au cours de la Révolution, car on n’y retrouve plus sa trace au cours des années suivantes.
Pierre-Hippolyte passe son enfance dans sa ville natale à Vic sur Seille, où son père s'était installé comme notaire après la Révolution et où il fut élu maire pendant de nombreuses années. Il déménage à Dieuze à l'adolescence. Sa mère, Marguerite, y décède au cours de l'été 1818, alors que le jeune garçon n'a que 14 ans.
Pierre-Hippolyte quitte la Moselle à l'âge de 19 ans pour débuter sa carrière de médecin. Il intègre l'hôpital de la 10e division militaire à Toulouse le 12 mai 1823, en qualité de chirurgien sous aide major provisoire, puis commissionné. Il y prépare sa thèse doctorale intitulée : "Des moyens hémostatiques, relatifs à l'amputation des membres", qu'il soutient à Montpellier en 1826. Après trois ans de service au sein de l'hôpital militaire de Toulouse, il est nommé chirurgien aide major en 1827 et rejoint le 8e régiment de chasseurs à cheval basé à Fontenay. Le diplôme de docteur en médecine n'est pas encore obligatoire pour exercer la médecine, et Pierre Hippolyte est, en 1829, le seul chirurgien du régiment à en être titulaire. Dans le courant de cette même année, le jeune homme s'associe au banquier Joseph Gervais-Voinier, et à son gendre le négociant François-Germain Favier, pour monter une fabrique de chlorure de chaux sur le territoire de Guébestroff près de la saline de Dieuze. Les trois associés sont Franc-Maçons et fréquentent la loge Saint-Jean-de-Jérusalem à Nancy. Pierre-Hippolyte connaît bien ce milieu car son père et son grand père appartiennent également à des loges maçonniques. Le jeune médecin demande à l'armée d'être mis en disponibilité pour rejoindre la Moselle. Le début de cette aventure industrielle commence assez mal puisque Joseph Gervais décède brutallement au mois de mai 1829. Les deux hommes se retrouvent seuls pour poursuivre le développement de leur entreprise. Au cours de l'été 1830, les divisions profondes du royaume, sociales, économiques et politiques, conduisent à la Révolution de juillet. Charles X est obligé d'abdiquer, laissant la place à Louis-Philippe. Il facilite l'accession de la bourgeoisie aux affaires manufacturières et financières, permettant un essor économique de première importance en France.
Huin et Favier mettent au point, grâce à l'aide du directeur de leur établissement, M. Alphonse Michel, un procédé de fabrication de poudre de chlorure de chaux très pure et à bon prix. La qualité de la blancheur de cette chaux lui permet d'être utilisé par l'industrie textile pour le blanchissement et la décoloration des tissus, ainsi que pour la fabrication de colorants, notamment par les manufactures d'indiennes. Il reste encore à reconnaître quel résultat on obtient de ce chlorure dans son emploi en grand. Les industriels du textile ont besoin de savoir si l'enlevage se fait aussi bien, s'il n'altére pas davantage les fonds colorés, et si la cuve se conserve aussi bien en repos et pendant le travail, qu'avec le chlorure de chaux préparé à l'état liquide avec la méthode ancienne. A cet effet, Messieurs Nicolas Kœchlin et frères offrent de monter une cuve décolorante dans leur atelier, avec ce chlorure sec. Au bout de deux mois d'expérimentations, la cuve se trouve encore dans un très-bon état. Des divers observations effectuées pendant ces deux mois, le Comité de chimie émet un avis favorable et recommande aux fabricants d'indiennes le chlorure de chaux sec de Messieurs Gervais-Voinier, Favier et Huin. Il a, selon lui, l'avantage sur le chlorure liquide, et est de beaucoup supérieur à celui qu'on emploie en Angleterre sous le nom de poudre de Temiant.
Il semble que les deux associés ont revendu l'usine peu de temps après car, au cours de l'année 1831, Pierre-Hippolyte crée la société Huin & Cie et rachète l'année suivante l'atelier de chimie Carny, situé au sein de la saline de Dieuze, qu'il souhaite développer. Cet atelier avait été fondé en 1805 par M. Carny père, un chimiste qui avait mis au point la fabrication du carbonate de soude puis cinq ans plus tard du phosphate de soude, de la soude concète et de la soude cristallisée. Son fils, qui lui avait succèdé, avait introduit la fabrication d’acide sulfurique, d’acide chlorhydrique et d’acide nitrique.
Les affaires marchent bien et Pierre-Hippolyte doit songer à se marier. Il rencontre Joséphine, âgée de 25 ans, qui est la dernière fille de Joseph Gervais, son ancien associé tristement décédé trois ans plus tôt. La jeune femme vient de perdre son premier mari, avec lequel elle n'a pas eu d'enfants. Pierre Hippolyte l'épouse le 20 août 1832 à Nancy, en présence des trois beaux frères de Joséphine : François Germain Favier, son associé, le banquier Louis Antoine Marie Duroselle et le négociant Melchior Henry Wilmans. Pierre-Hippolyte signe Huin, suivi des initiales d.m., pour docteur en médecine. Il gardera cette façon de signer toute sa vie. Le couple s'installe à Dieuze et quelques mois plus tard Joséphine tombe enceinte. Elle donne naissance donne naissance à un premier fils, Alfred, le 7 août 1833.
Pierre Hippolyte décide de produire principalement de l'acide sulfurique car la compagnie des salines ne fabrique pas elle même ce composant qui sert à la décomposion sulfurique du sel. Elle passe donc un traité pour fourniture avec Messieurs Huin & Cie, qui ont établi, pour cet usage, des chambres de plomb à quelques pas de Dieuze. On y fait annuellement en 1834 : 17 à 18,000 quintaux d'acide sulfurique (à 60"), dont la très grande partie (15,000 quintaux) est livrée à la saline. Le reste est employé dans l'établissement même, ou versé dans le commerce après avoir été amené à 66%. On prépare aussi là quelques autres produits chimiques qui sont destinés aux fabriques du Haut-Rhin et de la Suisse, et à Paris, savoir : 22,000 kilogrammes de protochlorure d'étain, 36,000 kilogrammes de pyrolignite de plomb et, en outre, quelques faibles parties de pyrolignite de fer, d'acide nitrique et de nitrate de plomb. Pierre-Hippolyte développe l'entreprise avec beaucoup d'intelligence, si bien qu'en 1835, la valeur de la production chimique de la fabrique dépasse celle du sel de la saline. Cette même année, il décidera de dissoudre sa société et de vendre la fabrique, qui a pris beaucoup de valeur en trois ans, à l'Etat et de s'installer à Nancy. Cette décision peut aussi s'expliquer par le fait que Joséphine, qui avait toujours vécu à Nancy, devait se sentir un peu isolée à Dieuze.
En arrivant à Nancy, Pierre-Hippolyte reprend quelques temps son activité de médecin. Le docteur Antoine Tuck, qui souhaite présenter à l'académie royale de médecine une nouvelle théorie sur la goutte, lui demande alors de tester ses remèdes sur ses patients goûteux. Monsieur Huin-Gervais est, pour Antoine Tuck, un médecin aussi instruit qu’il est modeste.
Le couple s'installe au 34 rue de la douane, où Joséphine accouche d'un deuxième fils, Ernest, le 30 janvier 1836. De son côté, Pierre-Hippolyte, qui semble avoir la fibre des affaires, se lance dans un nouveau projet industriel. Il s'associe en 1838 avec son frère Charles et Louis Hyrvoix pour monter au 7 rue Callot une fabrique qui conçoit du papier peint, ainsi que divers papiers de fantaisie (estampes en couleurs ou en noir, papiers marbrés, gaufrés, unis de luxe, etc. ). L'année suivante, la petite famille, qui s'apprête à accueillir un troisième enfant, s'installe au 25 rue de la Pépinière, où Joséphine met au monde Albert, le 29 mai 1839. Leur bonheur sera de courte durée. Moins de deux mois après la naissance, leur petit Alfred, qui n'est âgé que de 5 ans, décède brutalement au mois de juillet. Du côté de la fabrique, Huin frères & Hyrvoix sont en train de mettre au point un procédé de fabrication d'un papier marbré, qu'ils désignent sous le nom de papier "Glissé au feu d'Allemagne". Ils déposent un dossier de brevet à la Préfecture de la Meurthe le 21 août 1839, qui sera validé par le Ministre de l'agriculture et du commerce le 18 mai 1840 pour 5 ans, et complété le 27 décembre 1841 par un brevet d'addition et de perfectionnement. Louis Hyrvoix quitte l'entreprise peu de temps après, laissant seuls aux commandes les frères Huin.
La France est alors en pleine révolution industrielle, soutenue par le boom ferrovière des années 1840. François-Germain Favier, beau frère et ancien associé de Pierre-Hippolyte, avait repris l'entreprise de transport de leur beau père Joseph Gervais. Il se lance dans l'aventure du chemin de fer et devient propriétaire de nombreuses concessions ferrovières. La fabrique des frères Huin prenant de l'ampleur, ils font construire une usine au Sud Est de la ville, chemin du Saurupt, à proximité du futur passage de la ligne de chemin de fer. La famille quitte le centre de Nancy pour se rapprocher de l'usine et s'installe au 3, rue de Nabécor. L'usine produit désormais une grande quantité de papier peint, grâce aux approvisionnements des nombreuses papeteries situées dans les Vosges. Ses papiers de couleurs, de très grande qualité, servent notamment pour la reliure de livres.
Les deux frères perdent leur père, qui vivait au 9 place du marché à Nancy, le 16 septembre 1845. Le vieil homme avait 80 ans. Puis vient le tour de Joséphine, qui meurt tragiquement le 24 août 1850 à l'âge de 43 ans, laissant Pierre-Hippolyte seul avec Ernest et Albert, qui n'ont que 14 et 11 ans. Pierre-Hippolyte se remarie deux ans plus tard avec Joséphine Thervay, une quarentenaire originaire de Luneville qui ne s'était jamais mariée.
Les deux garçons sont bons élèves. Ernest se présente au concours et intègre l'école Polytechnique à Paris le 1er novembre 1855 à l'âge de 19 ans. Alors qu'il n'a jamais vu la mer, Ernest intégre l'école du génie maritime deux ans plus tard puis est nommé sous-ingénieur de la marine à Lorient le 26 mai 1859. Son frère Albert intégre l'école Polytechnique en 1858 et opte pour une carrière militaire dans l'artillerie.
Pierre-Hippolyte, qui n'a rien perdu de son inventivité, conçoit pendant ce temps là une machine permettant de lisser le papier peint. Il dépose un brevet le 10 août 1859 de dix ans, qu'il complète, le 25 janvier 1861, par un brevet d'amélioration.
Le 20 novembre 1861, Pierre-Hippolyte se rend à Lorient pour assister au mariage de son fils Ernest avec Marie Breger. Il décède deux ans plus tard, le 14 janvier 1864 dans sa demeure à Nancy au 25 rue de la Hache, en présence d'Ernest. Il avait 56 ans. L'usine est rachetée par Huguet et Dillon, qui feront faillite en 1878.
Demeure à Dieuze avant son premier mariage
Thèse doctorale : "Des moyens hémostatiques, relatifs à l'amputation des membres" (1826)
MM. Huin frères et Hyrvoix, demeurant rue Collet, n°7 à Nancy. Brevet d'invention de cinq ans en date du 18 mai 1840, aux sieurs Huin frères et Hyrvoix, à Nancy, pour la fabrication du papier marbré dit papier lissé (ou glissé?) au feu (ou au fer?) d'Allemagne
Brevet d'invention de 10 ans dont la demande a été déposée le 10 août 1859 par le sieur Huin-Thervay (Pierre-Hippolyte), fabricant de papier de couleur, faubourg Saint Pierre, chemin de Saurupt n°5 à Nancy pour une machine destinée à lisser les papiers peints. Demande d'addition en 1861.
Lisseuse des papiers de fantaisie
papiers peints et papiers de couleur (estampes en couleur et en noir)
Huin-Thervay, 5 chemin de Sautrupt, papiers unis de luxe, marbrés et gauffrés divers. Papiers de couleur et de fantaisie.
1830 Lettre de M. Michel, sur le chlorure de chaux sec de MM. Gervais, Voinier, Favier et Huin, à Nancy. Monsieur Le Président, J'ai lu avec beaucoup d'intérêt un Mémoire sur la préparation et la conservation du chlorure de chaux, que la Société industrielle a publié dansson^Bulletin. L'auteur s'y plaint de ce que le chlorure de chaux sec, livréau commerce jusqu'à ce jour, contenait un tel excès de chaux libre, qu'il était impossible de l'employer pour la cuve décolorante. Comme je me suis occupé de ce produit chimique en grand pendant plusieurs années, et que maintenant je dirige la fabrique de chlorure de chaux que MM. Gervais, Voinier, Favier et Huin ont établie près la saline de Dieuze, mes efforts ont toujours tendu à le rendre propre à la consommation des manufactures d'indiennes. J'ai pris note de cette observation de l'auteur du Mémoire ci-dessus mentionné, et j'ai fait tout mon possible pour satisfaire aux conditions requises pour rendre ce produit dans le cas d'être employé pour la cuve décolorante ; bien persuadé qu'une fois parvenu à ce but, il serait aisé de le livrer à la consomma» tion des fabricans d'indiennes et aux blanchisseurs, bien au-desous du prix auquel leur revient le chlorure liquide qu'ils font euxmêmes. J'ai donc l'honneur de vous faire part, M. le Président, qu'ayant dépassé le but que je m'étais proposé, et après de nombreux essais faits en grand, je suis parvenue produire différentes qualités de chlorure de chaux sec, depuis le titre le plus bas jusqu'à 170 degrés au chloromètre de Gay-Lussac, et que ces différentes qualités , dissoutes à saturation
dans l'eau, m'ont donné des liquides marquant jusqu'à i6}£ degres à l'aréomètre de Baumé, et décolorant 3oo volumes de teinture d'indigo ; degré bien supérieur à celui indiqué comme point de saturation complète dans le mémoire précité. J'ai soumis à l'examen de différens fabricansdu Haut-Rhin des échantillonsde cesproduits, et les résultats de leurs essais ont été tout-à-fait conformes à mes indications; ils me firent même l'observation que, dans les dissolutions qui avaient été faites avec du chlorure à i32 et 148 degrés,et destinées à la cuve décolorante, il n'y avait pas tout-àfait assez de chaux, et que celui à 100 degrés convenait parfaitement, en ce qu'il laissait encore, pour certains emplois, la facilité de pouvoir y en ajouter : s'il en est ainsi, les qualités d'un titre supérieur à 100 degrés seraient alors applicables aux cas particuliers, où il s'agirait de renforcer un liquide affaibli, ou bien de le pousser à un degré plus élevé que de coutume. MM. Gervais , Voinier , Favier et Huin vendent maintenant le chlorure de chaux sec, rendu à Mulhouse, à raison d'un franc le kilogramme à 100 degrés, et proportionnellement pour tous les degrés auxquels il leur en serait demandé : ainsi c'est un centime par kilogramme pour chaque degré. L'emploi de ce chlorure de chaux sec presente beaucoup d'avantages (tant pour le prix, qu'à raison de la facilité qu'il y a de l'employer pour faire des dissolutions plus ou moins concentrées ) sur le chlorure liquide que les fabricans d'indiennes préparent chez eux, comme on pourra s'en convaincre par le tableau suivant.
Je me flatte que ces résultats exciteront l'attention de la Société industrielle sous le rapport de la science, et sous celui de la consommation dans les fabriques de toiles peintes. Oserais-je donc vous prier, M. le Président , de vouloir bien lui en faire la communication, afin que, si elle le juge necessaire, son Comite de chimie lui en fasse un rapport, après avoir répèté les expériences que j'ai déjà faites avec quelques-uns de ses membres; alors je vous demanderai la permission de vous adresser des échantillons de chlorure à divers degrés,- et en quantités telles que le Comité puisse faire quelques essais en grand. Si le rapport que pourra en faire le Comité vient, comme je n'en doute pas, justifier ce que j'avance, puis-je espérer la faveur de le voir inséré .dans un de vos bulletins, ainsi que ma lettre, si toutefois la Société pense que cette publication puisse être utile aux manufactures d'Alsace. Recevez, M. le Président, l'assurance de ma parfaite considération. Mulhouse, le 29 Juillet 1829. Alp. Michel. RAPPORT Fait par M. Henri Schlumberger, au nom du Comité de chimie, sur la lettre de M. Alp. Michel, concernant le chlorure de chaux sec. Lu il la séance du 3o Octobre 1839, Messieurs, Depuis quelques années un grand nombre d'échantillons de chlorure de chaux sec ont été adressés de divers endroits aux fabricans d'indiennes, pour remplacer le chlorure de chaux liquide que ceux-ci préparaient jusqu'à présent eux-mêmes ; mais tous laissèrent toujours , sous plusieurs points, tant à désirer, qu'il était impossible d'en employer pour les cuves décolorantes. Ils contenaient d'abord le plus souvent un très-grand excès de chaux, ou bien beaucoup d'hydrochlorate et de chlorate de cette base, et jamais on ne pouvait obtenir , avec ces chlorures secs, une dissolution aussi concentrée qu'était celle du chlorure de chaux préparé par la voie liquide (gdegrés à l'aréomètre de Baumé, où décolorant i63 volumes d'indigo au chloromètre de GayLussac), même en prenant un très-grand excès de ces premiers. Il arrivait aussi quelquefois qu'en ajoutant de ces chlorures secs en poudre à la cuve décolorante, ils provoquaient la décomposition de celle-ci, ce qui pouvait provenir d'un excès de chaux non hydratée, qui, en ahsorbant l'eau du liquide, s'échauffait et occasionait ainsi la décomposition d'une partie du chlorure de chaux. Cependant MM. Gervais, Voinier, Favier et Huin, de Nancy, dans un second envoi d'échantillons de chlorure de chaux sec, qu'ils adressèrent dernièrementàquelquesfabricans de cette ville, faisaient espérer qu'on pourrait remplacer dans toutes les circonstances le chlorure liquide, et que leur chlorure pourrait même en certains cas présenter quelques avantages. Ce chlorure est une poudre d'un très-beau blanc et bien sèche ; il se dissout très-bien dans l'eau, sans laisser beaucoup de dépôt, et il est aussi exempt d'hydrochlorate et de chlorate de chaux que le chlorure liquide. Quelques expériences faites, en prenant diverses doses de ce chlorure sur une égale quantité d'eau, ont confirmé l'exactitude du tableau donné par M. Michel dans sa lettre à la Société. Des solutions aqueuses de ce chlorure, à i5 degrés à l'aréomètre de Beaumé et plus faible, conservées pendant trois mois dans des flacons bouchés et à l'abri de la lumière, n'ont rien perdu de leur force décolorante. Ce chlorure avait i3a degrés au chloromètre de GayLussac. D'après les observations qu'on fit à ces Messieurs, ils proposèrent de livrer au commerce tout leur chlorure à 100 degrés, ce qui permettra de mieux le conserver, évitera une addition de chaux aux cuves décoloJ rantes, et sera plus facile pour sa manipulation dans l'emploi. Il restait encore à reconnaître quel résultat on obtiendrait de ce chlorure dans son emploi en grand, savoir : si l'enlevage se ferait aussi bien, s'il n'altérerait pas davantage les fonds colorés, et si la cuve se conserverait aussi bien en repos et pendant le travail, qu'avec le chlorure de chaux préparé à l'état liquide. A cet effet, MM. Nicolas Kœchlin et frères offrirent de monter une cuve décolorante dans leur atelier, avec ce chlorure sec, ce qu'ils firent en remplissant d'eau froide une cuve contenant 40 mesures (20 hectolitres), et en y dissolvant 200 kilogrammes de ce chlorure sec à 100 degrés; en ayant soin de bien remuer pendant toute la journée, puis laissant déposer jusqu'au lendemain, où l'on n'eut qu'un dépôt d'environ 3 à 4 mesures : le liquide clair pesait alors 7 degrés à l'aréomètre de Beaumé, et décolorait 127 volumes d'indigo au chloromètre de Gay-Lussac. On passait par cette cuve des pièces de divers genres, comme enlevages sur rouge turc, envelage jaune de chrome, etc., sans trouver, sous aucun rapport, une différence avec les mêmes articles passés dans les cuves de chlorure préparé à l'état liquide; on ne remarquait non plus aucune différence pour le noir et l'enlevage bleu sur les rouges turcs. On rafraîchissait tous les jours le liquide absorbé par les pièces, avec une nouvelle dose d'eau de chlorure sec, en prenant toujours 7,5 kilogrammes par mesure d'eau, et en l'ajoutant soit préalablement dissous dans l'eau, soit en poudre qu'on jetait immédiatement dans la cuve, et sans trouver en cela aucune différence. On était obligé, pour quelques articles, d'ajouter encore un peu de chaux délayée dans la cuve pour empêcher le coulage. La cuve travaille depuis deux mois, et se trouve encore dans un très-bon état. Le Comité ne peut donc que recommander aux fabricans d'indiennes le chlorure de chaux sec de MM. Gervais, Voinier, Favier et Huin, comme ayant Favantage-sur le chlorure liquide, de pouvoir très-facilement renforcer, pour l'amènerà un degré donné, une cuve affaiblie. Ce chlorure est de beaucoup supérieur à celui qu'on emploie généralement en Angleterre sous le nom de poudre de Tennant.
procédé de fabrication d'un papier marbré, dit papier glissé au feu d'Allemagne 1839
http://bases-brevets19e.inpi.fr/Thot/Recherche/FrmRechFrame.asp?MOD=5
Il signe Huin d.m, sans doute pour docteur en médecine