Portrait de François-Joseph de Saint-Pezran (1765 - 1800)

François-Joseph de Saint-Pezran

écuyer
seigneur de Rozangat
Signature de François-Joseph de Saint-Pezran (1765 - 1800)
Blason de la famille de Saint-Pezran

Parents

Famille

Lieu d'habitation

Occupations

  • receveur des devoirs de Bretagne à Plouescat (1781 - 1791)
  • émigré durant la Révolution française exerçant la fonction de peintre dans les régions des Pays-Bas autrichiens, de la principauté de Liège et du duché de Bouillon (1792 - 1796)
  • arpenteur puis lieutenant des douanes nationales à Plouescat (1797 - 1800)

Notes

Avant la Révolution, François-Joseph de Saint-Pezran est receveur ambulant des devoirs de Bretagne, organisme dissolu en 1791, année où il a son premier enfant. Sans-doute, comme pour beaucoup d'autres membres de la petite noblesse de province, les ressources du couple Saint-Pezran sont réduites, d'autant qu'il ne possède aucun bien immobilier. Seule la rémunération professionnelle du mari, toutefois non-négligeable, il faut le souligner, les a fait vivre jusqu'alors.

Le 16 février 1792, la municipalité de Plouescat à l'époque dirigée par Vincent Le Saint maire, délivre à Saint-Pezran un passeport pour quitter la localité. Dans ce document, il est indiqué que le bénéficiaire "est peintre de profession, citoyen actif du bourg, et qu'il déclare se rendre en Flandre et aux Pays-Bas pour y professer ce dit art, ne trouvant plus à s'en occuper en ce dit bourg". Il est demandé "à tous ceux qui sont à prier de le laisser passer librement et de lui prêter aide et assistance en cas de besoin". Ce passeport, rédigé sur une simple feuille de papier timbré, comporte le signalement physique de l'intéressé : taille de 5 pieds un pouce (1m65), âgé de 26 ans, cheveux et sourcils châtains, les yeux bleus, le nez aquilin et la bouche grande.

François Joseph de Saint-Pezran va s'établir en Belgique (AD Finistère, 10 L 141 : document manuscrit de quinze pages appuyé de nombreuses attestations, ainsi que d'un plan de la région de l'actuelle Belgique où a séjourné FJ de St Pezran. Ce plan, légèrement colorié, dressé à l'échelle, a du être établi par l’intéressé lui-même)

Il est sur la liste des émigrés ayant quitté le territoire national, mais il rédige en 1796 une longue requête adressée aux autorités pour ne pas être considéré comme un émigré. Dans cette requête, il donne les motifs de son départ et énumère les péripéties de son absence, avec des pièces justificatives à l'appui. "en mars 1792, je me fixai à Rochefort, près Givet sur Meuse, où l'on est fort curieux de la décoration des édifices, et m'y livrait à ma dite profession..." "La guerre étant survenue [...] je me vis forcé pour ma sûreté personnelle autant que pour ma réputation civique, de me porter sur le pays neutre de Bouillon, que nos troupes n'ont pas cessé d'occuper, et j'exerçais tranquillement ma profession au milieu de nos frères d'armes, ainsi qu'il est prouvé..." "j'y avais d'ailleurs de la famille mais je ne trouvais pas auprès d'elle les ressources dont je m'étais flatté. D'un autre côté le pays se trouvait divisé par les troubles intérieurs, et le peuple armé par l'Eglise contre le gouvernement, sous le prétexte de religion, mais réellement pour des privilèges, ce qui a fini par nous en faciliter la conquête"

En 1792, Saint-Pezran contracte une "fièvre putride" dont il faillit mourir. Il est soigné par un médecin. Il réside en Sambre et Meuse entre 1792 et 1795, travaillant dans plusieurs localités de la région. La municipalité de Rochefort lui délivre le 9 décembre 1795 un laisser passer pour son retour à Plouescat. A près quatre années d'exil, c'est donc au plein coeur de l'hiver que Saint-Pezran effectue le long trajet qui le ramène des Ardennes belges au pays breton. Malade, et considéré comme proscrit, il ne peut rentrer directement à Plouescat et séjourne à Carantec, dans la presqu'île de Taulé en attendant une régularisation de sa situation.

Il écrit : 

"...En conséquence, j'attend de votre justice citoyens, que vous voudrez bien vous faire rendre compte si je suis effectivement inscrit sur la liste des proscrits, ce qui paraîtrait assez probable d'après la formalité de vente que j'ai appris que l'on a fait dans mon domicile: mais d'un autre côté on m'a assuré que je n'étais pas sur la liste du département qui a été affichée, et dans ce dernier cas vous pourriez peut être prononcer au moins une radiation provisoire ; parce qu'outre qu'il est triste pour l'innocence de sembler se vêtir de la ressource du crime (j'en tend celle de rester ignorée) et d'être réduite à se produire et à se préconniser elle même. Il est cruel pour quelqu'un qui n'a de moyens de subsistance que dans son travail, de se trouver par une fatalité sans exemple, victime innocente d'une Révolution faite pour le bonheur de tous. Mais c'est une considération qui certainement n'aurait pas échappée aux sentiments philantropiques qui rendent si dignes du peuple français, les magistrats qui l'administrent aujourd'hui. Dans le premier cas donc ou il faudrait s'adresser au ministre de la police généralle, que j'apprends être chargé de ces sortes de vérifications, j'attend de cette même justice citoyens, et de la protection qu'à l'envie avec le corps législatif, vous ne manqué sans doute pas selon l'esprit de la constitution ; que vous voudrez bien adresser le tout audit ministre et presser auprès de lui le jugement qui doit procurer ma radiation, laquelle déchargera la République d'une dette de quatorze cents francs que je laissais en partant et qui, par les dispositions généralles des lois sur les dettes des confisqués, la grèverait fort onéreusement puisque le produit de la vente des effets trouvés après moi, à ce que j'ai appris qu'a 20 ou 30 francs que je déclare d'avance ne pas réclamer. Je finirai par observer que l'obligation du timbre n'ayant pas lieu au département de Sambre et Meuse lorsque je l'ai quitté, il ne faut pas s'étonner que mes certificats de ce département ne présentent pas cette formalité.

Salut et respect.

François Joseph Saint-Pezran, peintre."

Les arguments qu'il présente pour justifier son absence pour des motifs d'ordre exclusivement professionnel, semblent il est vrai assez convaincants. Il faut rappeler qu'en février 1792 la municipalité de Plouescat dans laquelle il réside, lui délivre un passeport pour un motif bien déterminé. A cette époque, sa bonne foi n'est mise en cause par personne, c'est apparemment librement qu'il choisit de s'expatrier. Contrairement aux conditions dans lesquelles s'effectue la fuite à l'étranger de beaucoup d'autres membres de l'ancienne noblesse, c'est avec l'aval des autorités locales que notre " peintre " part à la découverte de nouveaux horizons."

C'est le 12 thermidor an 4 (30 juillet 1796) que Saint-Pezran rédige ce long plaidoyer pour tenter d'obtenir réparation de ce qu'il considère être une injustice de l'assimiler à un émigré politique. La veille 11 thermidor, Denis Marie Rosec, agent municipal (équivalent de maire) de Plouescat, lui délivre une attestation destinée à appuyer le dossier. Ce document confirme le bien fondé de sa réclamation et atteste de sa qualité de bon citoyen au moment de son départ, quatre ans avant :

"Liberté, égalité Justice.

Je soussigné agent municipal de la commune de Plouescat [...] certifie et atteste avec vérité, que François-Joseph Saint-Pezran, peintre en notre commune, n'occupait aucune fonction publique, civile ou militaire en février 1792 époque de son départ de cette commune. Je certifie et atteste également que le dit Saint-Pezran a professé, suivi et pratiqué publiquement, dans toutes les occasions jusqu'à son départ, les vrais principes de la Révolution, et qu'en conséquence, le motif seul de son absence est ce qui peut le faire présumer ennemi de la Révolution" (Denis Rosec, agent municipal, le 11 thermidor an IV)"

En l'an VI (1797-1798), François-Joseph de Saint-Pezran est enfin parvenu à rentrer à Plouescat, où il exerce une activité bien différente de celle de peintre. On relève en effet sur les documents d'estimation des biens nationaux qu'il est expert arpenteur, nommé par le receveur des domaines nationaux pour effectuer les visites des objets affermés.

Il ne verra pas naître sa troisième fille, Emilie, car il décède deux mois avant la naissance de l'enfant.

Source : Plouescat : de la paroisse à la commune, Hervé Guichoux

15 April 1765 : Baptism - Carhaix-Plouguer, 29024, Finistère, Bretagne, France
Parrain et marraine

 

Ecuyer François de Kergus coseiller du Roy au siège Royal de Gourin

Françoise Tréphine Suret-Desnaux

Witness : Vincent François De Kergus

 

Il semble que le mariage entre Marie Anne Delile et François Joseph de Saint-Pezran n'a pas eu lieu. On ne retrouve qu'un acte de fiançailles et François Joseph de Saint Pezran n'est pas indiqué veuf ou divorcé sur son acte de mariage avec Émilie de Kersaintgilly. Marie Anne Delile s'est d'ailleurs mariée pour la 3e fois le 7 juillet 1791 avec Noel Ruffel à Roudouallec.