Émilie de Kersaintgilly

Émilie Françoise Marie
Signature de Émilie de Kersaintgilly (1762 - 1838)
Blason de la famille de Kersaintgilly alias Kersaint-Gilly
FLORUIT SICUT LILIUM

Parents

Famille

Occupations

  • propriétaire rentière demeurant à Plouescat
  • commerçante au détail en épicerie et en mercerie lors de l'exil de son mari pendant la période révolutionnaire (1795 - 1796)

Liens

Notes

Alors que son mari est parti en exil, Émilie doit se débrouiller pour vivre.

On trouve le 28 fructidor, an III : "Émilie Kersaint-Gilly, femme Saint-Pezran, taille de 4 pieds 10 pouces (1,57 m), cheveux et sourcils châtains, front rond, nez bien fait, yeux bleus, bouche moyenne, menton rond et visage ovale" . Elle déclare être dans l'intention de faire le commerce d'épicerie en détail, patente de 51 francs, 1 décime, 2 centimes, plus le commerce de mercerie en détail, même patente que ci-dessus. A l'époque, la mercière vendait toutes sortes de toiles, fils, rubans, etc. A noter qu'elle ne figure plus sur la liste des patentes de la commune en l'an VII, son mari étant de retour.

Elle une personne de caractère et de sang froid car pour s'en convaincre, il suffit de rappeler deux évènements qui se déroulent pendant cette période où elle est seule à son foyer.

Tout d'abord, le chanoine René Cardaliaguet, dans son ouvrage sur Cléder, indique dans un chapitre consacré à Joseph Marie Augustin de Kerguvelen "qu'une curieuse tradition de famille rapporte même que le curé de Plouescat, M. de Puyferré se cachait dans la maison habitée par Emmelie de Kersaintgilly. Il fut dénoncé, et les bleus, sous les ordres de J.M.A. de Kerguvelen, vinrent pour le saisir, au moment qu'il se chauffait près du feu avec son hôtesse. Le prêtre n'avait pas le temps de fuir. Il jeta une pèlerine sur ses épaules, une coiffure de dame sur sa tête, et il attendit la suite. Les soldats entrèrent. C'est une amie de la maison, leur dit on en montrant le curé. Ils fouillèrent partout et repartirent bredouilles, mais le jeune Kerguvelen murmura à l'oreille de l'amie : Une autre fois, Monsieur le curé, cachez mieux votre tonsure".

On imagine quel sang froid il a fallu à notre jeune hôtesse pour conserver son calme durant cet épisode, car elle pouvait risquer de très sérieux ennuis, si l’ecclésiastique avait été pris.

C'est dans une autre occasion qu'elle affirme aussi ses traits de caractère, lorsqu'on vient procéder le 1er février 1793 à la vente publique des effets laissés par son mari, considéré comme un émigré. Ce jour là, Denis Marie Rosec, membre du Directoire du District de Lesneven est désigné pour procéder à la vente. Se présente l'épouse de ce dernier qui est requise de présenter les effets délaissés par son mari et confiés à sa garde. Il s'agit de vêtements usagés : une culotte de velours noir, une culotte de peau, un gilet de soie, une veste de drap noir, deux vestes de chasse, un habit rayé, un vichoura, une paire de bas rayé, un gilet de soie noir. Le tout sera vendu au citoyen Thomas Berthou, préposé aux douanes du Quernic en Plounévez. pour 20 livres 17 sols. Invitée à certifier le procès-verbal de vente avec le commissaire, son adjoint et le crieur, Émilie refuse d'apposer sa signature sur le document officiel, et il en est fait état par le commissaire. Elle montre ainsi par ce geste rebelle, qu'elle n'approuve guère la manière de procéder des autorités révolutionnaires qui considèrent son mari comme un "ennemi de la patrie".

En 1800, Émilie de Kersaintgilly se retrouve veuve pour une deuxième fois, alors qu'elle n'a que 37 ans et 4 enfants à élever. Cette fois-ci, elle reste fidèle à la mémoire de son époux et demeure veuve pendant 38 ans.

Source : Plouescat : de la paroisse à la commune, Hervé Guichoux