La Ligurie françoise De Jean-Baptiste L'Hermite de Soliers
Jean Doria , le deuxième fils de Sixte Doria et d’ Esprite de Merles , naquit à Carpentras, le 26 juillet 1537. Il « s’advança a la cour de nos roys et par son mérité obtint de la reyne Marie de Medicis une place entre les cent gentilshommes de la maison du roy, avec pension desix mille livres. » C’est ce que prétend le chevalier de l’Hermitte, qui ailleurs ne paraît pas avoir été mal informé, mais qui a commis ici au moins une inexactitude. Jean Doria , qui était, à la date du 13 octobre 1577, gouverneur du comte d’Arros , était qualifié, le 14 août 1579, écuyer, gentilhomme servant de la reine . Or, la reine de cette année, femme de Henri III, était Louise de Lorraine. Et notre personnage resta constamment à son service. Quand il maria sa fille Catherine Doria à Artus Desfriches, il ne se donna pas d’autre titre que celui de gentilhomme servant de la reine douairière, et quand celle-ci eut passé de vie à trépas, il continua à s’appeler « gentilhomme servant de la feue royne Louise, douairière de France . »
Il avait dû quitter de bonne heure son pays natal : au mois de décembre 1513, il se trouvait à Lyon, chez Claude Gella, et c’est là qu’il reçut de son père la fameuse lettre, qui répondait à sa demande de renseignements sur sa famille et notamment sur ses ascendants directs. Quelques mois auparavant, le même Claude Gella avait été chargé par Sixte Doria de lui remettre quatre cent cinquante livres tournois, dont il lui faisait donation sur les sommes qui lui étaient dues en la ville de Lyon(12 juillet 1559). Plus tard, il fixa son domicile à Paris, dans la paroisse de Saint-Merry et rue Saint-Bon;
Cependant, en quittant ses parents du Comtat, il n’avait pas brisé toutes relations avec eux; bien loin de là, il avait conservé des intérêts importants à Carpentras et dans les environs......
Le testament de Pierre du 16 oct 1612 chez Louis Le Camus
Malgré les exigences de sa profession, il aimait à revenir à Paris ou dans les environs, et à se trouver au milieu de la famille de sa sœur, pour laquelle il avait les plus tendres sentiments. IL chercha môme à acquérir des seigneuries dans le voisinage; il espérait sans doute s’y retirer après ses glorieuses campagnes. En 1620, lors de la vente de la suzeraineté de la seigneurie du Plessier-sur-Saint-Aubin et d’une partie de son domaine utile, poursuivie par décret aux requêtes du Palais à Paris contre Henri de Postel, seigneur de Cernoy et du Plessier, il s’en rendit adjudicataire sous certaines conditions. A la même époque très probablement, il acheta la terre plus importante de Cernoy, où il posséda un château. C’est là, semble-t-il, qu’il aurait eu le dessein de fixer sa résidence, si la mort ne l’avait surpris. Plus près de Brasseuse enfin, il était aussi devenu acquéreur du fief de Bray et de la seigneurie de Noël-Saint-Martin .
Le 8 juin 1630, alors qu’il se trouvait à Toulon, il écrivit et signa de sa main l’acte mémorable de son testament,qui fut un des titres primordiaux de la famille Des Friches Doria. Il prenait les dispositions suivantes. Il recommandait son âme à Dieu et aux saints, fixait sa sépulture en l'église de Cernoy, s’il venait à décéder à cinquante lieues près, et prescrivait de dépenser trois cents livres en messes et prières pour le salut de son âme.
Il léguait à son neveu Francois Desfriches Doria ses terres et seigneuries de Cernoy et Noël-Saint-Martin et toutes celles qu’il pourrait acquérir d’ici le jour de son décès, à la condition qu’il céderait à son frère aîné tous ses droits sur la succession de son père et de sa mère, et qu’il prendrait lui-même le nom et les armes des Doria; dans le cas où François mourrait sans enfants ou n’accepterait pas ces çonditions essentielles, il lui substituait chacun de ses neveux, fils d’Artus Des Friches, les uns après les autres. Le reste du testament il l’avait consacré à l’énonciation de différents legs à Charles, François et Charlotte Des Friches, ses neveux; enfin, il stipulait que sa sœur Catherine aurait le privilège de conserver la jouissance de tout ce qu’elle voudrait de cet héritage.