Jean Mauduit du Coscro

Thomas Jean
écuyer
seigneur de Coscro, de Kergano, de Kerouallan et de Chef-du-Bois-Thominec
Blason de la famille de Mauduit

Parents

  • Antoine Mauduit (1650 - 1729), écuyer, seigneur de Thomelin, conseiller-secrétaire du Roi en la grande chancellerie
  • Jeanne Huo ( - 1743)

Famille

Lieux d'habitation

Occupations

  • capitaine de cavalerie au régiment royal de dragons
  • gentilhomme signataire du «Mémoire de la noblesse bretonne au Roi» en 1788

Distinctions

  • chevalier de l'ordre de Saint-Louis

Notes

Le château du Coscro est partiellement mis en vente en 1748. La majeure partie du domaine trouvera un nouvel acquéreur en la personne de Thomas Jean de Mauduit. La famille Mauduit, originaire de Candé en Maine-et-Loire, avait accédé à la noblesse en 1701 par l'achat d'une charge de secrétaire du Roi. L'acquisition d'un domaine tel que celui du Coscro confère dès lors à Thomas Jean le prestige que seul un château pouvait encore apporter à son titre. Le personnage est apparemment un homme cultivé dont les lectures éclectiques traduisent la curiosité. Le 3 février 1754, Thomas Jean de Mauduit se marie avec Jeanne-Marie de Kerpaen de Kersalo, union concrétisée par la naissance quelques mois plus tard de leur première fille Marie-Anne-Hyacinthe. En 1755, Jeanne-Marie de Kerpaen donne le jour à Jeanne-Thomase-Rosalie. Il semblerait que Thomas Jean ait alors pris son nouveau rôle de châtelain très à cœur. Vers 1758, Il engage ainsi un procès contre Julie-Louise, épouse du prince de Rohan à propos d'une terre qu'il revendique être de sa propriété à Ploerdut. Cette même année, Gabriel-Hyacinthe-François, premier fils de Thomas Jean, est baptisé à Lignol et selon Danigo5, on bénit une chapelle au Coscro le 7 octobre. Doit-on pour autant comprendre en cela que Mauduit a fait édifier un nouveau bâtiment au sein du château ? La référence de cette source n'étant pas citée par son auteur, nous n'avons pas pu faire plus de recherches à ce sujet... À partir de 1762, Thomas Jean, très au fait de l'aspect du domaine tel qu'il se présentait avant sa vente par Innocente-Luce-Catherine de Rougé, consacre une partie de son énergie à étendre peu à peu la superficie de ses propriétés. Les lieux une fois acquis sont ensuite affermés, permettant ainsi à la famille Mauduit de tirer de substantifiques revenus de leurs biens. Thomas Jean décède au Coscro le 2 janvier 1789. Le domaine échoit alors à son fils aîné, Gabriel-Hyacinthe-François, âgé de 30 ans. C'est également en 1789 que Louis Capitaine établit la première carte complète du Morbihan Cette carte dite "de Cassini"retrace avec grande précision la topographie des lieux. La superposition de la version gravée de cette carte avec la carte I.G.N. actuelle laisse apparaître un "détail" important. Le tracé de la route d'Inguinel à Guémené identifié par cette carte ne desservait en effet pas directement le Coscro, accessible uniquement de la route par le biais d'un pont érigé sur le Scorff (Fig. 11). D'après nos observations, il ne semble pas que le tracé du jardin ait été modifié entre la fin du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle. Une orangerie a cependant été édifiée au Sud-Est du château. Orangers, citronniers et grenadiers en pots ornent alors la cour d'honneur et le muret qui la clôture au Sud-Ouest. Le jardin potager semble occuper lui aussi une place importante. Son emplacement n’est cependant pas identifiable avec précision.

 

A l'extérieur, une nouvelle allée dite "levée du moulin" est édifiée le long du jardin. Cette nouvelle voie d'accès, d'une largeur moyenne d'environ 6 mètres est bordée sur toute sa longueur par des arbres en alignement. Au Nord-Est, elle débouche sur le mur de l'actuel verger, situé à l'Ouest de la cour d'honneur. Un cercle de maçonnerie (ou "cerne"), édifié en avant du verger, assure la transition entre la nouvelle levée du moulin et la parcelle Nord du jardin clos. Les murs de ce cerne paraissent en effet avoir remplacé celui qui faisait auparavant office de clôture à proximité du pavillon Est des douves. Au Nord, un portail est aménagé au sein du mur de l'actuel verger. Il ouvre sur une "plate-bande" édifiée pour l'occasion le long de la parcelle de fruitiers. De là, on accède aux terrains situés à l'Ouest du château (actuelle avant-cour). Il n'est pas impossible que les bâtiments de l'avant-cour et la grange située à l'Ouest du château aient été conçus en même temps que la levée du moulin. Leurs dimensions diffèrent en effet des autres construction édifiées au début du XVIIe siècle. La création d'une nouvelle voie d'accès, à l'aspect majestueux, amoindrit par ailleurs le rôle joué auparavant par l'ancienne allée principale, désormais reléguée en simple desserte agricole. Une autre allée est édifiée à l'Est du jardin clos. Parallèle à la levée du moulin dont elle reprend les dimensions, elle occulte partiellement la clôture du petit jardin Est (ou orangerie). Surplombant le jardin clos, ce nouvel axe rejoint la prairie du Scorff au Sud-Ouest du domaine. L'insertion de ces deux allées au sein du domaine correspond au goût du temps. Rigueur, symétrie et perspectives sont autant de nouveautés dont on pourrait, par déduction, attribuer la "paternité" à la bouillonnante Florimmonde de Keradreux (décédée en 1697). La création de la levée du moulin n'est sans doute pas sans relation avec celle de l'étang situé à l'Ouest de l'allée. L'arène granitique formant le substrat du Coscro contenant naturellement de l'argile, des poches de rétention d'eau peuvent en effet tout à fait apparaître en tout point du site suite à une accumulation récurrente de liquide. Cette accumulation pourrait, dans le cas présent, avoir été engendrée par la mise en place de l'allée, dont le sol, conçu en dur et légèrement surélevé, a pu jouer le rôle de "bouchon". Les douves du jardin connurent durant cette même période une petite phase de comblement (apport progressif de déchets ménagers). La politique de Gabriel-Hyacinthe-François envers la gestion du Coscro sera équivalente à celle de son père. Son action ne sera cependant que de courte durée. Par peur des représailles engagées par les révolutionnaires contre la noblesse, l'héritier des Mauduit quitte précipitamment le Coscro en juillet 1792 ; on le dit alors à Paris. N'ayant pas cependant attesté depuis cette date de sa présence en France, Gabriel-Hyacinthe-François est dès lors reconnu par la nation comme "émigré". Quant à ses biens, ils sont mis sous séquestre. C'est donc face à un château déserté que Mathieu Bazin, huissier auprès du tribunal du district du Faouët se trouvera lors de sa visite au Coscro en décembre 1792. Le sieur Le Fax, jardinier de son état, ayant garanti que le site avait été abandonné tel quel, Bazin procède alors à un inventaire complet des lieux. Cet inventaire réalisé en décembre 1792 sera conforté par deux autres états de lieux. L'ensemble de ces documents constitue un précieux témoignage pour les historiens. L'ensemble des objets inventoriés au sein du château et de ses dépendances est mis en vente à partir de janvier 1793. Faute de pouvoir justifier de la fuite ou de l'existence même de son frère, Jeanne Thomase Rosalie, sœur aînée de Gabriel-Hyacinthe-François de Mauduit soumet le 22 février 1793 une pétition aux autorités. Elle réclame à ces dernières la possibilité de pouvoir récupérer, au titre d'héritière de son père Thomas-Jean, sa part d'héritage revenant de la vente des biens mobiliers du Coscro ; requête qui lui sera refusée le 25 février suivant. Thomas Le Pappe se porte acquéreur de la partie du domaine située à proximité du château le 15 janvier 1794. Cette acquisition est effectuée sans l'accord des héritières Mauduit. Toutes deux réagissent alors violemment à la vente de leur bien dont elles réfutent la légalité. Leur frère Gabriel-Hyacinthe-François ayant été condamné à mort suite au débarquement qu'il effectua avec l'armée loyaliste à Quiberon en 1795, les deux sœurs restent dès lors, avec leur neveu Thomas Casimir Mauduit de Kervern, les seuls héritiers susceptibles de pouvoir revendiquer une quelconque main-mise sur les parts qu'ils détenaient sur le Coscro. Fig. 12 Restitution du périmètre immédiat du château établie d’après les descriptions de 1803-1804 Plan Anne Allimant-Verdillon L'affaire ne sera cependant résolue qu'en juin 1806, date à laquelle la préfecture du Morbihan accordera aux héritiers la main levée du séquestre établi sur la part des biens ayant appartenu à Gabriel-Hyacinthe-François de Mauduit (et non sur la totalité des biens de leur père Thomas Jean comme demandé à l'origine). Thomas Le Pappe décède vraisemblablement avant 1803. Suite à sa mort, ses filles et héritières établissent un partage des biens que leur père possédait au Coscro. Ce document primordial rédigé en 1804 fournit une description quasi-chirurgicale des lieux, nous permettant par la même d'en reconstituer avec grande précision la configuration (Fig. 12 et 13).  Dimensions, distribution et identification des pièces du château d’après l’inventaire réalisé sur les lieux en 1803-1804 Plan Anne Allimant-Verdillon Le domaine possède nombreuse allées plantées d’arbres d’alignement variés. Au Sud du grand jardin, un bois taillis est agrémenté d’allées régulières plantées de charmilles. Ces dernières formaient probablement une palissade servant de toile de fond au grand jardin et resserrant ainsi la vue vers la perspective centrale. La décision préfectorale prise en 1806 au sujet de l'héritage des héritières Mauduit modifie bien évidemment la donne quant aux biens acquis par les Le Pappe en 1794. Nous ne possédons hélas aucun document d'archives relatif au rendu de ces biens. Les filles Mauduit récupèrent dès lors les 2/3 du château ainsi qu'une partie de ses abords immédiats ; les zones de passage restent quant à elles indivises. Si les héritiers Le Pappe paraissent avoir volontairement privilégié la gestion agricole du site, il n'en est apparemment pas de même pour les héritières Mauduit. Le château sert alors apparemment de résidence à la famille de Mauduit ainsi qu'à ses descendants. Le château est habité en 1835 par trois générations. Cette présence inter-générationnelle ainsi que le mariage en secondes noces de Jeanne Thomase Rosalie avec Auguste Armand Olivier des Brulais justifie sans doute les travaux de séparation effectués en 1835 au sein même du château (salle Sud-Ouest). À partir de 1838, de gros travaux sont engagés par les Ponts et Chaussées du Morbihan. Il s'agit alors de prolonger les anciennes allées du domaine seigneurial du Coscro afin de créer une nouvelle desserte pour la route d'Inguinel à Guémené.Ce choix n'est topographiquement pas anodin. A la différence de l'ancienne voie, le nouveau tracé, essentiellement développé en fond ou bordure de vallée, est en effet nettement plus facilement carrossable que l'ancien. Fig. 14 Emplacements actuels des carrières au sein du bois de haute futaie.


Le tracé de la nouvelle route départementale n°10 est achevé en 1841, date à laquelle est dessiné le cadastre de la commune de Lignol. Les travaux ne sont pour autant pas terminés et certaines indemnités restent encore à régler. Les pavés de la nouvelle route pourraient avoir été extraits en partie de carrières creusées au sein même du bois de haute futaie du Coscro. En 1842, d'après les Ponts et Chaussées, l'exploitation d'une carrière en galerie appartenant à Mr Olivier des Brulais et utilisée pour l'entretien de la route serait ainsi à l'origine de l'effondrement d'un chemin sur la propriété de ce dernier. Au vue de ce témoignage, on pourrait aisément émettre l'hypothèse selon laquelle les carrières encore visibles de nos jours en bordure du Scorff auraient été creusées lors de la construction de la route n°10 (Fig. 14). Cette hypothèse pourrait être confortée par la taille des deux allées situées dans l'axe du château à l'Est. Signalées comme rejoignant le Scorff sur le cadastre de 1841, ces allées sont aujourd'hui nettement plus courtes, interrompues par un dénivelé abrupt. Ce dénivelé pourrait avoir pour origine l'effondrement de la galerie d'extraction de granit évoquée par le document de 1842... En 1841, la structure agricole du domaine du Coscro est à son apogée, fruit des aménagements des siècles passés. Le tout compose un ensemble paysager de style classique autour duquel les terres se répartissent de manière logique : les prairies dans les fonds humides, les bois protègent des vents dominants, au Nord et à l’Ouest, les terres et les landes se répartissent respectivement sur les meilleures et les plus mauvaises terres restantes à l’intérieur de ce maillage savant. L'ancien jardin, toujours cantonné par ses murs de clôture, est abandonné au profit de productions agricoles. Les douves ont été comblées et les petits murets qui assuraient certaines limites à l'intérieur du site ont été démontés. De chaque côté de l'allée centrale, renforcée pour l'occasion, les parcelles sont labourées en profondeur. La partie Ouest du jardin est ensuite utilisée en guise de pépinière. Les douves ayant été comblées, des problèmes de gestion des eaux de ruissellement ont dû faire leur apparition sur le site. Afin de remédier à ces stagnations, le niveau de la cour est abaissé au Sud-Ouest, contre le muret de clôture ; un petit canal est édifié dans l'axe du portail, à l'embouchure de deux des goulottes du muret de clôture et le périmètre extérieur et l'axe central de la cour sont grossièrement pavés à l'aide de blocs de granit irréguliers. Jeanne Denise de Mauduit décède en janvier 1846. Ses descendants, s'ils n'habitent plus le château, profitent néanmoins encore de leur moitié de l'édifice. Suite au décès de Jeanne Thomase Rosalie Quinson, la propriété est partagée en 1849 en trois lots attribués respectivement à Auguste Olivier des Brulais, à ses enfants ainsi qu'aux enfants Du Bot de Talhouët. Faute de pouvoir diviser équitablement les château et pourprisdu Coscro, ces derniers restent indivis entre les trois parties héritières. En décembre 1850, Edouard et Alfred du Bot de Talhouët achètent à leur sœur Alexandrine, épouse Mahé de Berdouaré, ainsi qu'aux héritiers Olivier des Brulais leurs parts d'héritage du Coscro. En 1854, par un acte sous seings privés, Alfred cède à son tour à son frère Edouard sa part d'héritage sur le Coscro. Edouard Adrien François du Bot de Talhouët reconstitue ainsi sous sa propriété l'ensemble des biens qu'avait récupéré sa grand-mère à l'issue de la Révolution. L'héritier des Mauduit ne s'arrêtera cependant pas en si bon chemin. En septembre 1860, il achète ainsi aux héritiers Vrenière ce qu'ils possédaient encore au sein des lieux. Ces derniers restent cependant en possession de l'avant-cour et des terres situées au Nord-Ouest du château, acquises par leur grand-père Le Pappe. Quant aux droits concernant les zones indivises, ils restent partagés entre les deux parties.